De retour à la Grande Chartreuse
En 1940 les Pères Chartreux regagnent leur monastère du massif de la Chartreuse, haut lieu de leur ordre, dont ils avaient été expulsés en 1903 dans un contexte troublé. Un an plus tard pour célébrer le premier anniversaire de ce retour, leur liqueur retrouve la présentation qui était la sienne au 19ème siècle et son étiquette d’alors, si caractéristique.
Sur certaines contre-étiquettes de cette période on peut lire :
"L'étiquette ci-contre, la même que celle qui revêtait les bouteilles de Chartreuse de 1868 à 1903, garantit d'une façon absolue que cette bouteille contient la célèbre liqueur séculaire de la Grande Chartreuse, fabriquée comme au siècle dernier par les Pères Chartreux avec leurs procédés secrets."
Similarités dans la présentation
Ainsi à partir de 1941 (et jusqu’au début des années 1950) les chartreuses vont donc retrouver leur présentation d'antan (période pré-1903), à la contenance près. En effet si ces dernières étaient conditionnées en bouteilles d’un litre, leur homologue du 20ème siècle font 75cl et telle est la seule façon de les distinguer !
Un important stock d’étiquettes inutilisées (et conservée depuis 1903) et le symbole fort de la fin de la période de dépossession et d’exil semblent expliquer ce choix.
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Notez la couleur bleutée de l'étiquette.
Les bouteilles mesurent respectivement 33 et 30cm. |
Des circonstances particulières
Ce retour s’effectue dans un contexte bien particulier, c’est-à-dire en plein conflit mondial, dans une situation politique exceptionnelle et à proximité de la ligne de front.
"Le 20 juin [1940] au soir, avec Dom Bernard et Dom Michel, le R.P. Dom Ferdinand arriva en voiture à Saint-Pierre de Chartreuse, ayant franchi de justesse les barrages préparés pour arrêter les allemands tout proches. Le 21 juin, les trois moines se présentèrent à la grande porte du monastère, accompagnés du maire de Saint-Pierre. Sur réquisition de celui-ci, les gardiens ouvrirent." La Grande Chartreuse par un Chartreux
De même la deuxième guerre mondiale va également impacter la production de liqueur du fait des restrictions et pénuries d’ingrédients (alcool de betterave au lieu d'alcool de vigne et donc goût caractéristique) mais pas seulement (On parle de chartreuses de cette période commercialisées dans des bouteilles de Dubonnet !).
Encore une fois l’histoire de la liqueur recoupe celle avec un grand “H” !
Voir aussi :
[Un grand merci à Gabriel pour les photos et sa contribution !]