jeudi 27 juin 2013

Les bouteilles produites à Fourvoirie de 1932 à 1935

Cette période représente la courte parenthèse durant laquelle la liqueur des Chartreux fut, comme avant leur expulsion, de nouveau produite à Fourvoirie.

La gamme chartreuse 1932-1935



Les bouteilles se caractérisent par leur double étiquette et se déclinent en formats de divers contenances.

Les contre-étiquettes
Elles sont utilisées par les Chartreux pour communiquer au sujet du produit avec les consommateurs.
 

La première évoque qu’à partir de 1929 les Chartreux sont de nouveau les seuls à produire... la chartreuse !
“Désormais : que vous demandiez une “CHARTREUSE” ou une TARRAGONE”, vous êtes assurés d’avoir exclusivement sous la garantie de la double étiquette ci-contre, la célèbre liqueur séculaire de la Grande Chartreuse, préparée comme au siècle dernier, par les Pères Chartreux avec leurs procédés secrets .”
La seconde présente la dernière cuvée produite à Fourvoirie, suite à la catastrophe de 1935.
“La liqueur contenue dans cette bouteille provient de la dernière fabrication qui a pu être exécutée à Fourvoirie par les Pères Chartreux dans la célèbre distillerie détruite en novembre 1935 par un formidable glissement de terrain. Née dans les dramatiques circonstance que l’on connaît, cette liqueur, d’une qualité remarquable, présente un intérêt mémorable certain et sera sûrement recherchée par la suite par les amateurs.”
Méli-mélo de mentions

Mention en surimpression rouge sur l’étiquette :
 - en haut “JADIS”
 - puis, en diagonale, “Exclusivement fabriquée aujourd'hui par les Pères Chartreux de TARRAGONE".
 
Entre les deux partie en bleu “Exportation Interdite”.
 
En 1936 les mentions “JADIS” et “Exportation Interdite” disparaissent.
 
Ces inscriptions permettent de distinguer les bouteilles espagnoles des françaises et “des surcharges rouges variables peuvent être ajoutées pour satisfaire aux règlements administratifs des différents pays”.
 
Autant dire que tout n’est pas toujours aussi simple, illustration avec la photo ci-dessous d’une bouteille destinée au marché américain ! Exportation interdite, contre-étiquette en anglais, possiblement ambiguë lorsque faisant état de Voiron...

 
"Il faut noter que les doubles-étiquettes qui mentionnaient "une Tarragone" n'ont pas eu le droit d'être utilisées aux USA où cette mention a été remplacée par le mot Liqueur". Voir cette illustration de la gamme en 1935 ou cette autre photo de bouteille.
Cette appellation devait être jugée potentiellement trompeuse aux yeux du législateur américain, concernant une liqueur made in france...
 
Voir aussi :
[Merci à Marc et à Gabriel]

dimanche 16 juin 2013

Fourvoirie dans les années 1930

Le dernier acte de la production de chartreuse à Fourvoirie se déroule dans l'entre-deux-guerres.

Le retour des Chartreux à Fourvoirie
Expulsés en 1903 et dépossédés de l’exploitation de leur liqueur, les Chartreux trouvent refuge en Espagne où la production reprend sous une nouvelle appellation, à Tarragone.
Leur retour en France sera progressif. La Compagnie Fermière de la Grande Chartreuse ayant cessé complétement sa fabrication en 1929, ils recouvrent la jouissance de leur marque sur le territoire français. Toutefois la production à Fourvoirie par les chartreux ne redémarre qu'en 1932 (le retour au monastère de la Grande Chartreuse ne s’effectue qu’en 1940). Le site ayant cessé d’être exploité en 1911, il nécessite de longs et importants travaux de rénovation avant de distiller de nouveau.

La présentation de la gamme d’alors
Les bouteilles de cette période se caractérisent par leur double étiquette, celle de Tarragone et l’étiquette traditionnelle, qui ne fait plus l’objet d’une commercialisation abusive. Les Chartreux communiquent à ce sujet via les contre-étiquettes apposées sur les bouteilles.

 En parallèle la chartreuse est toujours produite en Espagne et on distingue les deux aux mentions en surimpression rouge sur les étiquettes, mentions dont la formulation et les variantes vont donner tout un jeu de déclinaisons... "JADIS - Exclusivement fabriquée aujourd'hui par les Pères Chartreux de Tarragone".

Le glissement de terrain de 1935
Le retour sera de courte durée, puisque dans la nuit du 14 au 15 novembre 1935 un important glissement de terrain va détruire une grande partie du site de production. La cause réside a priori dans la nature des sols détrempés par “des pluies torrentielles”. Les clichés d’époque illustrent l’étendue des destructions et les bâtiments ruinés seront alors laissés à l’abandon.
 
 
 
 Cependant dans la catastrophe, les caves de vieillissement ne seront pas touchées  et “par miracle, les caves et les salles contenant les alambics résistèrent à la poussée et toutes les liqueurs qui vieillissaient dans les fameux foudres de chêne furent sauvées.”
 
 
Ils constituèrent ainsi une dernière cuvée produite à Fourvoirie. Celle-ci avec, sa contre étiquettes spécifique, est à ce titre particulièrement “mythique”.
A partir de ce moment la production se fera à Voiron !

Voir aussi :