Léo Henry est un auteur à l'univers singulier. Ses récits, souvent oniriques, labyrinthiques ou uchroniques, s'ils sont globalement sombres, montrent aussi une facette ludique, comme si placés sous le saint patronage méta-textuel de Jorge Luis Borges.
En plus de sa bibliographie foisonnante (plusieurs romans et recueils de nouvelles, des scénario de bédés, des collaborations, des jeux de rôles, des fanzines, etc.) il publie beaucoup en ligne, avec par exemple le projet d'il y a quelques années Cent bistros, où il s'est fixé comme objectif d'écrire un texte tous les jours dans un bar différent, pendant 100 jours, ou encore les nouvelles par email - une nouvelle par mois, envoyée gratuitement. Il travaille en ce moment à un grand roman hagiographique consacré à Hildegarde de Bingen, à paraître prochainement.
Et c'est dans son premier roman publié Rouge gueule de bois, (la rencontre et les aventures improbables de l'auteur de SF américain Fredric Brown et du réalisateur français Roger Vadim), que nous avons pu lire une première mention de la chartreuse sous sa plume. Nous avons tenu à l'inviter à nous en parler plus longuement, à sa manière, et ça donne ce texte : Boire le temps.
Léo sera présent ce samedi 3 octobre une partie de la journée aux caves Bossetti à Paris.
En parallèle de la dégustation de chartreuse, il prendra part aux échanges et aux réjouissances...
"L'histoire des cocktails est une fresque d'empires et de mondialisation. La mixologie naît des révolutions technologiques et des échanges commerciaux, elle surgit dans les sillages des cargos de marchandise, prospère dans les conquêtes de nouveaux territoires, les progrès de la science. Aux aristocratiques bols de punch du 18è siècle succèdent ces drinks servis verre après verre dans des bars d'officiers et de négociants, pour les colons, pour les artisans, pour les criminels.
En 1910, préparer un Singapore Sling dans la colonie éponyme nécessite de réunir dans un même verre le citron vernaculaire, le gin londonien, le cherry brandy danois, la Bénédictine française et l'Angostura de Trinidad et Tobago. Autant dire que le soleil ne se couche jamais sur le territoire sollicité par cette seule boisson. La grâce d'ingrédients stabilisés, normalisés par des processus de fabrication industriels, offre au buveur, où qu'il se trouve sur terre, des mélanges à l'aspect et au goût identique. Boire un cocktail c'est abolir l'espace.Plus fascinante encore, peut-être, est la possibilité qu'offre la mixologie de court-circuiter le temps. Depuis la fin des années 1990, des historiens soucieux de la chose bue ont entrepris de reconstruire une histoire de cette gastronomie liquide aussi rigoureuse que possible. La moindre de leur tâche n'étant pas de remettre à leur place des centaines de légendes de comptoir, accréditées par l'habitude, le désir de publicité ou la simple répétition.Ainsi, grâce à des gens comme David Wondrich, Robert Hess ou Jim Meehan, savons-nous que le Bijou a été décrit pour la première fois en 1895 dans le livre de C.F. Lowlor."
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