lundi 8 avril 2013

Le site de Fourvoirie - introduction

Plus largement que la production de leur liqueur qui s’y tint de 1860 à 1935, le site de Fourvoirie témoigne de l’activité économique des Pères Chartreux depuis des siècles. Ils y exercèrent tout d’abord une florissante activité de métallurgie du 14ème siècle à la Révolution. La production de chartreuse, fort prospère au 19ème siècle, sera transférée à Voiron suite à un éboulement de terrain qui va détruire en grande partie la distillerie de Fourvoirie en 1935.
Retour sur le site et son histoire à travers une série d’articles dédiés.
 
 
Fourvoirie
Le défilé de Fourvoirie se situe la route du désert de la Chartreuse, entre Saint-Laurent-du-Pont et Saint-Pierre-de-Chartreuse, l’un des accès au monastère de la Grande Chartreuse. Le nom du site viendrait de « forrata via », la voie percée par les chartreux pour y accéder. Entre les rocs escarpés se nichent les gorges étroites du Guiers-mort que la route contourne désormais par un tunnel. Les environs attestent de l’activité des chartreux en matière d’aménagement et par la même de patrimoine historique.

L'activité métallurgique
Lieu sauvage et inaccessible où les Chartreux décidèrent de fonder leur ordre sur les pas de Saint Bruno en 1084, le lieu n’a pas usurpé son qualificatif de désert, inhospitalier et coupé du monde. Comprenant quelles ressources cachent ses étendues boisées et l’environnement qui les entourent, les Chartreux entreprennent l’exploitation forestière et une activité métallurgique. Cette dernière est la principale source de revenu du monastère depuis le 12ème siècle, contribuant au développement économique du Dauphiné. Les fourneaux s’arrêteront définitivement en 1792 et la Révolution Française contraint les Chartreux à fuir, abandonnant le haut lieu de leur Ordre pour trouver refuge à l’étranger.
 

Les prémisses d’une industrie
La Chartreuse, mise au point par le frère Jérome Maubec sur la base du fameux manuscrit du Maréchal d’Estrée dans le courant du 18ème siècle va devenir au cours du siècle suivant la principale source de revenu de l’ordre et connaître un développement impressionnant. La production initialement artisanale, est tout d’abord cantonnée géographiquement et fort limitée. On la fabriquait alors dans la pharmacie du monastère et on la distribuait à proximité. Avec la diffusion commerciale de la liqueur à plus grande échelle, le lancement couronné de succès de la liqueur Jaune en 1838 et la hausse de la consommation et des ventes, la fabrication prend de l’ampleur et vient troubler la retraite des Chartreux.
L’installation à Fourvoirie est la conséquence directe de cet état de fait et va permettre l’industrialisation de la fabrication et la renommée mondiale de la “reine des liqueurs”.

A suivre...
[Merci à Vincent !]