lundi 20 juin 2011

Eau-de-vie Chartreuse

Eh oui, certains d'entre vous ne le savent peut-être pas mais une eau-de-vie de Chartreuse conditionnée en bouteille a vue le jour en 1941 du temps où, avant Chartreuse Diffusion, la Compagnie Française de la Grande Chartreuse exploitait ces liqueurs.

Fabriquée à Aigues-vives (Gard) par Vignal et utilisée pour servir de base aux liqueurs, cette eau-de-vie n'a apparemment pas été commercialisée à grande échelle à l'époque (cf. dépliant : «La vente (dans toutes les bonnes maisons d'alimentation) est momentanément limitée.»), les Chartreux craignant d'être assimilés à des négociants d'alcool. Elle n'a finalement été mise sur le marché que vers 1990 (Cf. Chartreuse Histoire d'une liqueur – Guide de l'amateur de Michel Steinmetz chez Glénat).
Voilà ce que l'on sait sur cette fameuse eau-de-vie Chartreuse, qui reste pleine de mystère et pose pas mal de questions :
  • Pour commencer, elle a été vieillie en fût, mais combien de temps et dans quelles conditions avant d'être mise en bouteille en 1941 ?
  • Ensuite on peut se demander combien de litres ont été mis en bouteilles, et donc combien de bouteilles ont été mise sur le marché à partir des années 1990 ?
  • Et son goût...et bien cela ressemble à un vieux cognac ou un vieux marc, mais nous vous en dirons plus après une dégustation digne de ce nom !
Autres informations à signaler : en 1944 le Brandy CAR est créé par les chartreux à Tarragone qui est un équivalent de l'eau-de-vie. Signalons également la commercialisation d'une eau-de-vie de poire Williams (fruit entier) toujours en vente actuellement.
Pour finir, près de 60 ans après leur conditionnement, les dernières bouteilles présentent un bouchon détérioré et une évaporation du précieux breuvage, d'où la décision de Chartreuse Diffusion de reconditionner la fin de leur stock et de le remettre en vente avec un certificat d'authenticité.
[Article de Rodolphe, merci à lui !]

jeudi 9 juin 2011

Les liqueurs d’origine monastique

Les liqueurs monastiques constituent un segment du marché des spiritueux en partie au moins assimilé à celui des liqueurs à base d’herbes et d’épices. La chartreuse aujourd’hui encore produite sous la supervision de moines en fait figure d’exemple-type tant par l’héritage lié à son histoire que par sa composition à base de plantes et son goût caractéristique.


Des origines...
Ces liqueurs sont très anciennes et avant d’être un produit d’agrément il s’agissait de concoctions de plantes fabriquées par des moines et destinées à soigner. Au Moyen Age ce sont les ordres religieux qui détiennent le savoir nécessaire, herboristerie et connaissance des procédés de production. Initialement d’une commercialisation locale et limitée, leur nombre est élevé et les variantes de compositions sont très nombreuses et diverses.
Le XIXème siècle voit triompher la chartreuse en terme de ventes et de renommée et selon Michel Steinmetz, auteur de l’ouvrage de référence à son sujet : “celle qui fut nommée "Reine des liqueurs" et qui régna sans partage sur le monde des digestifs entre 1840 et 1973 fut la Jaune... à 43°.” Ce type de produit est alors en phase avec les habitudes de consommation du public et le marché se développe fortement, le progrès technique et la révolution industrielle permettant une production bien plus importante qui sera aussi le fait d’industriels.

… au terme du XIXème siècle
Il n’est pas rare que ces derniers s’inspirent des compositions et présentations des produits monastiques et traditionnels afin de profiter de leur image de marque et de leur succès sur ce lucratif marché. Il est donc important de distinguer les liqueurs effectivement produites par les moines. En ce qui concerne la chartreuse cela donne lieu à de nombreuses contrefaçons et imitations et ainsi à une abondante chronique judiciaire aux prémices des réglementations en terme de propriété industrielle.
La prospérité du créneau des liqueurs à base de plantes va être mise à mal dans la première moitié du XXème du siècle du fait de l’évolution des goûts des consommateur et du développement d’autres créneaux dont celui des boissons à base de fruits que le progrès technique en matière de conservateurs rend possible.

Liqueurs d’origine monastique - exemples et éléments caractéristiques
La chartreuse en est l’illustration par excellence, aujourd’hui encore la fabrication est supervisée par des moines chartreux ce qui constitue un argument commercial (cf nombreuses publicités ou les contre-étiquettes ATC). De nos jours son positionnement entre tradition et modernité est intéressant et les campagnes marketing transcrivent bien cet état.
On peut aussi citer la Bénédictine de Fécamp et la Lérina de l’abbaye de Lérins ainsi que, parmi des liqueurs à base d’herbes et d’épices, l’Izarra de la côte basque ou la Kerman. A noter que pour la plupart ces produits se déclinent en variantes jaunes et vertes à l’image de la chartreuse.

Les liqueurs monastiques sur :
  - The cocktail database
  - Les alcools des vieux bistrots

Outre l’origine de leur production qui est le fait d’ordres religieux, un certain nombre d’éléments les caractérise :
- Une recette ancestrale, qui s’inscrit dans une dimension historique et renvoie à la tradition, et en outre souvent tenue secrète jusque dans la nature de ses ingrédients
- Une composition à base de plantes, aromatiques, médicinales et d’épices
- Un produit attaché à une origine religieuse et/ou géographique
- Une présentation caractéristique des étiquettes et bouteilles avec des similarités dans l’aspect traditionnel de l’image de marque et l’usage de symboles et d’une identité visuelle différenciante des autres liqueurs