mardi 28 décembre 2010

Une nouvelle cuvée spéciale : la Reine des liqueurs

La Reine des liqueurs est une cuvée spéciale de Chartreuse Jaune titrant à 43° et limitée à 1440 bouteilles numérotées.

A la fin du 19ème siècle la Chartreuse Jaune était connue comme la  «Reine des Liqueurs», tant elle faisait référence par sa qualité et en terme d’image de marque sur le segment des liqueurs monastiques, fort prisées alors. Voici ce que précise la contre-étiquette de cette nouvelle cuvée :
“Lorsque les Pères Chartreux mettent au point la Chartreuse Jaune, en 1838, celle-ci connaît rapidement un très grand succès. Digestive, plus douce que la Chartreuse Verte, elle s’impose à travers toute l’Europe, aidée en cela par les officiers de l’Armée des Alpes qui avaient su en apprécier toute la finesse et avaient promis aux Pères Chartreux de la faire connaître.
A la fin du 19ème siècle la Chartreuse Jaune est sur toutes les grandes tables, jusqu’à la Cour de Russie où le Tsar Nicolas II l’apprécie particulièrement. C’est alors qu’elle acquière son surnom : « La Reine des Liqueurs »
Commercialisée en 2010, courant décembre, cette Chartreuse est conditionnée en bouteilles de 70cl, avec une contre étiquette spécifique et un coffret en bois. La bouteille, avec l’inscription Grande Chartreuse, le globe crucifère et les sept étoiles en relief, est similaire à celle utilisée pour la cuvée commémorative de 2003. Si le tirage est limité et les bouteilles numérotées, la distribution aussi semble restreinte, cantonnée aux cavistes des régions grenobloises et lyonnaises. A noter qu’elle n’est pas vendue à la boutique de Voiron, sur le lieu de production.

Quelle est la réelle spécificité de cette liqueur ? On peut tout d’abord noter que cette cuvée diffère de la Jaune traditionnelle par son degré d’alcool, 43° au lieu de 40°, comme c’était le cas avant 1973 pour la Jaune. L’abaissement du titrage avait été imposé par des considérations d’ordre fiscales et commerciales du fait de taxes règlementaires ; cette évolution des qualités du produit ayant bien entendu eu un impact sur les caractéristiques de la liqueur. D'âpres certains amateurs ces 43° degrés font de cette Reine des liqueurs une Chartreuse particulièrement adaptée à une conservation prolongée et avec un potentiel de vieillissement prometteur, au même titre que les Tecla Jaunes depuis 2009.

Enfin voici ce que stipule la contre étiquette :
“Cette Chartreuse Jaune, comme son illustre ancêtre , vous est proposée à son titrage d’origine, 43%. Cette cuvée 2010 a été réalisée par les Pères Chartreux, comme en 1838, selon la même recette et les mêmes procédés de distillation.”
Il s'agirait donc d'une Chartreuse Jaune au process de fabrication spécifique, inspirée des prémices de la production au 19ème siècle... Reste-t-il quelque chose à ajouter si ce n'est après en avoir dégusté un verre ?!

jeudi 16 décembre 2010

Chartreuse VEP Jaune et Verte

La VEP, une Chartreuse haut de gamme
Comme l’indiquent ses initiales, la Chartreuse VEP  est une chartreuse à “Vieillissement Exceptionnellement Prolongé” ; elle se décline en VEP Jaune (parfois appelée Reine des liqueurs) et Verte.

Les VEP sont produites de la même manière que les chartreuses traditionnelles, c’est à dire selon un procédé resté secret et à base de plus de 130 plantes et herbes, mais leur spécificité réside dans la durée de la phase de vieillissement en fûts de chênes. Selon nos informations celle-ci serait d’une quinzaine d’années ; encore une fois pour ce qui concerne la liqueur des pères chartreux le mystère est de mise et il n’est pas impossible que cette durée ait pu légèrement varier au fil du temps.

Chaque année sont mises en vieillissement des quantités très limitées de Chartreuse Jaune et Verte, parmi les meilleures, sélectionnées par les pères chartreux et comme le stipule la contre étiquette elle n’est commercialisée que lorsqu’elle a atteint sa pleine maturité. Grâce à leur vieillissement, la teneur en alcool s’estompe légèrement (elles titrent respectivement 42° et 54°, soit un degré de moins que leurs homologues traditionnelles) et ces cuvées acquièrent un arôme, une saveur, une finesse et un moelleux supplémentaire. Toute en subtilité, la bonification de la liqueur sous l’effet du temps est indubitable, les VEP constituent ainsi le haut de gamme de la production actuelle.

Ces cuvées se présentent dans une bouteille identique à celle utilisée avant 1840, en verre sombre, avec un bouchon de liège cacheté à la cire et la contre étiquette est également cachetée avec l’emblème de la Grande Chartreuse. Elles sont conditionnées dans un coffret de bois marqué au fer. La VEP existent en 50 cl et un litre. Un nombre limité de bouteilles est produit chaque année et chacune est dotée d’un numéro d’identification.

Histoire de la production des VEP
Les VEP sont distribuées depuis 1963 mais elles ne constituent pas la première expérience de Chartreuse mise en vieillissement avant commercialisation. En quelque sorte elles viennent pérenniser la réalisation d’un certain nombre de cuvées anniversaires qui mirent en exergue les vertus du vieillissement et ses bienfaits relativement à la qualité des liqueurs. Ce furent les cuvées de 1932, 1940 et 1944, strictement limitées (environ 800 exemplaires) et qualitatives, qui au terme d’une décennie de conservation en “demi-muids de chêne plus que centenaires” furent mises en vente pour commémorer respectivement la reprise de la distillation à Fourvoirie, le retour des pères à la Grande Chartreuse et la libération de la France. Ainsi la plus ancienne de ces liqueurs fut produite à Fourvoirie.

Fort de ces précédents alliant finesse, excellence des liqueurs et prestige des éditions spéciales, il fut décidé de renouveler l’expérience. C’est à l’occasion du couronnement de la Reine d’Angleterre Elizabeth II, en juin 1953, que les pères chartreux mirent en vieillissement une cuvée ; celle-ci fut commercialisée 10 ans plus tard, marquant ainsi le début de la vente de VEP, liqueur d’exception, y compris parmi la production des chartreux. 

Quelques considérations

Au cours de leur production la datation des VEP a varié, fut un temps où l’année figurant sur la contre étiquette désignait l’année de mise en vieillissement et non celle de mise en bouteille comme c’est de nouveau le cas de nos jours.

Une tentative sera faite en Espagne pour essayer de lancer le produit sur ce marché, où en 1975, une édition de Chartreuse VEP présentée dans une bûche en bois sera proposée. Mais cette cuvée connaîtra un échec.

Il existe des VEP spéciales qui furent produites de façon ponctuelle en l’occasion d’un événement, comme par exemple celle de 1968, qui en l’occasion des JO d’hiver de Grenoble fut qualifiée de cuvée olympique, ou celle de 1976 pour célébrer le bicentenaire des États-Unis.

Du processus de fabrication découle le fait suivant : la réactivité de la production est impactée par la durée nécessaire au vieillissement, en conséquence il existe une latence en cas d’éventuelle hausse des quantités produites, avant que ces dernières ne soient commercialisées.

Enfin les VEP sont un des éléments notables du marché des vieilles Chartreuses, leur excellence en fait des bouteilles recherchées et prestigieuses avec l'âge.

[Article réalisé avec Vincent, je l'en remercie !]