lundi 30 novembre 2015

La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (1/2)

Durant les années 1930, les Chartreux ont repris la fabrication de leur liqueur à Fourvoirie puis à Voiron. C’est lors des événements du second conflit mondial qu’ils vont finalement regagner leur monastère dont ils avaient été expulsés en 1903. “De l’armistice à la Libération il s’est passé à la Grande Chartreuse bien des choses dignes de mémoire” raconte Ambroise Jobert, une des principales sources de cet article.
 
En 1940, dans les armées françaises et britanniques...

Isère 1940
Si la production des liqueurs a repris en France dans les années 1930, l’ordre des Chartreux est toujours en Exil en Italie lorsque éclate la guerre. "Le 29 mai 1940, le R.P. Dom Ferdinand, affrontant les risques de cet exode, arriva à Grenoble avec le petit groupe de moines français et s'installa près de Voiron, à Orgeoise, dans la résidence des frères chargés de la fabrication de la liqueur". Il leur faut solliciter l'autorisation de s'installer à la Grande-Chartreuse, démarche compliquée par les circonstances du conflit militaire. La situation les force à s'en affranchir.

Retour à la Grande Chartreuse
"Le 20 juin (...)  Dom Ferdinand arriva en voiture à St Pierre de Chartreuse, ayant franchi de justesse les barrages préparés pour arrêter les allemands tout proches. Le 21 juin, les trois moines se présentèrent à la porte du monastère (...) Les 23 et 24, le flot de l'invasion allemande vint mourir contre le massif de Chartreuse, sans avoir atteint le monastère." Tandis que se joue la bataille de Vorreppe, après 37 années d'exil les Chartreux reprennent leur vie de prière et de silence dans le haut lieu de leur ordre. Voir l’article consacré à ce retour qui allait annoncer celui de l'étiquette de 1869 sur les bouteilles de liqueur.

En temps de guerre
Les choses vont évoluer au gré des circonstances, près de la ligne de front et au fil du conflit : "Tout se passa bien jusqu'à l’occupation italienne en novembre 1942. (...) Un colonel vint, en janvier 1943, les avertir qu'ils avaient fait l'objet de nombreuses dénonciations locales mais qu'il n'y aurait pas de perquisition avant février. (...) En septembre 1943, l'Italie passe dans le camp des Alliés. La Wehrmacht envahit Dauphiné et Savoie."
Durant ses années, le monastère servit de cache de matériel et de personnes et fut même visité par le sculpteur Arno Brecker qui y savoura un verre de liqueur. Au cours de toute la période les Chartreux donnèrent asile à des personnes menacées, par la police de Vichy puis par les occupants italiens et ensuite allemands.
"Les Pères aidaient de leur mieux les maquis installés dans les Granges de l'ordre" et à proximité en Chartreuse. Des témoignages font état de silhouettes en habit blanc aperçue de nuit dans le massif…
 
(A suivre...)
Voir aussi :
  • La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (2/2)
  • "La Grande-Chartreuse de l'Armistice à la Libération", Ambroise Jobert et Dom X**
  • "La Grande Chartreuse" par un chartreux
  • Guerre civile ? Un petit verre de Chartreuse

samedi 21 novembre 2015

"Une Chartreuse"

Une nouvelle cuvée de liqueur des Pères Chartreux est un évènement plutôt rare et lorsqu’il s’agit d’un produit haut de gamme cela ne laisse pas professionnels et amateurs indifférents.

Une chartreuse
Chartreuse Diffusion a commercialisé dans le courant de cette année 2015 deux nouvelles cuvées très limitées de liqueurs jaunes et vertes. Il s'agit d'assemblages de chartreuse avec une base de liqueur vieillie plusieurs décennies en fût. Le titrage est de 40,6% pour la jaune et 52,9% pour la verte.
 
 
 Texte de la contre-étiquette :  
"Les Pères chartreux nous proposent pour la toute première fois cet assemblage unique, dont la base a vieilli plusieurs décennies dans des demi-muids en chêne. Par la suite, les moines prélèveront chaque année une très faible quantité de cet ensemble pour donner naissance à "Une Chartreuse". Ces mêmes demi-muids seront ensuite complétés avec les plus vieilles liqueurs dont ils disposent."
Ce mode de production n'est pas sans rappeler celui des solera, la part la plus ancienne élevant l'ensemble. Cela implique une récurrence de cuvées par nature différentes, dont les prélèvements annuels seront comblés par de nouveaux ajouts de liqueurs vieillies.
 
Présentation
La dénomination de la cuvée fait astucieusement référence à celle utilisée fut un temps pour la chartreuse de Tarragone qui avait été substantivée ("Une Tarragone" lisait-on sur les publicités et les bouteilles). Cela renvoie à la riche histoire de la chartreuse mais aussi au vieillissement important d’une partie de la liqueur entrant dans sa composition.
Un  nouveau modèle d’étiquette se décline en versions jaunes et vertes. Le design se veut épuré et fait référence à l’aspect rétro des anciens modèles. L'année de mise est inscrite en rouge sur l'étiquette et chaque exemplaire est numéroté.
Les bouteilles au cabochon chartreuse gravé sont en verre soufflé artisanalement. Elles sont rangées dans des étuis en bois de type VEP qui contient également une clé usb détaillant la fabrication des bouteilles. Un livret présentant la cuvée est également inclus.

Commercialisation et discussions
Non seulement les quantités produites sont très limitées (120 exemplaires de chaque tous les ans) mais la vente de ces liqueurs est exclusivement restreinte aux professionnels, restaurateurs et sommeliers.
On peut tout d’abord s’interroger sur la nature de cette base "vieillie plusieurs décennies dans des demi-muids en chêne". D'où proviennent ces stocks significatifs de vieilles liqueurs qui semblent distincts des futs mis en vieillissement pour la VEP ? S'agit-il de réserves très anciennes des caves de Voiron ou de stocks d'autres provenances ?
La principale question reste de savoir à quoi ressemble la dégustation de cette cuvée "Une Chartreuse" ? A quel type de vieilles chartreuses peuvent-elles se comparer ?
 
Voir aussi :

lundi 2 novembre 2015

Exceptionnelle vente aux enchères de Chartreuse

Importante vente aux enchères "Finest and Rarest Wines" chez Christie's à Genève, les 8 et 9 novembre prochain, présentant une incroyable collection de vieilles chartreuses.
 
Une vue d'ensemble éloquente... ©Christie’s, 2015

Le catalogue de la vente, richement illustré, est consultable en ligne et vaut le coup d’œil. Il précise : "La plus impressionnante collection de liqueurs de la Grande Chartreuse jamais mise en vente aux enchères, provenant d'une cave privée de la région des Alpes".

De très nombreux lots, dont des pièces uniques, rendent cette vente exceptionnelle. En effet la collection retrace l'histoire de la chartreuse et son évolution depuis le 19ème siècle. On y trouve des bouteilles de toutes les périodes, y compris les plus rares : une chartreuse blanche, une jaune 1869-1878 et des 1878-1903, d'autres Fourvoiries, divers cuvées exceptionnelles et de nombreuses Tarragones anciennes...
Aperçu en images :

Chartreuse 1878-1903 Verte, Blanche et Jaune 
©Christie’s, 2015
"Une Tarragone" ©Christie’s, 2015
Caisse bois de 6 flacons de Verte 1951-1956 ©Christie’s, 2015