lundi 7 décembre 2015

La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (2/2)

Après un article consacré aux événements à proximité de la Grande Chartreuse pendant le second conflit mondial, il est temps de s'intéresser plus spécifiquement à la liqueur durant cette période.
 
Retour à l’ancienne présentation
Un an après leur retour au Monastère de la Grande Chartreuse, pour célébrer ce premier anniversaire, la liqueur retrouve la présentation qui était la sienne au 19ème siècle et son étiquette d’alors, si caractéristique.
Voir l'article consacré à ce sujet.


La gamme de Chartreuse 1941 - 1951
Restrictions et pénuries
La guerre va influer sur la production de la liqueur du fait de restrictions impactant la fabrication. Pour faire face aux pénuries d’eau-de-vie de vins, celle-ci est remplacée  lorsque nécessaire par des alcools à base de betterave. Ceci impacta nécessairement son goût et des dégustateurs de vieux flacons sont formels, on peut le ressentir clairement en buvant des bouteilles de cette période.
 
Sur la contre-étiquette d'une bouteille de liqueur d'époque on peut toutefois lire :
"Malgré les difficultés de réapprovisionnement de certains produits, notre fabrication continue dans les meilleures conditions, avec les mêmes garanties de qualité pour les produits essentiels : alcools, plantes, sucre, à l’exception de toute saccharine." (janvier 1944)
Extrait d'un dépliant glissé avec un flacon d'élixir végétal :
 
Le conditionnement est également affecté du fait des difficulté à se procurer verre et bois. Conséquence l'étuis d'élixir est fabriqué en carton durant cette période et pour se procurer des produits des Chartreux, il faut préalablement restituer les précédentes bouteilles vides. Qui plus est, faute de plombs la couleur du verre des bouteilles est d'un vert plus foncé.

Cuvée commémorative de la Libération
Annonciatrice des cuvées de chartreuse VEP, cette liqueur commémore la Libération par le biais d'une production spéciale, vieillie durant 10 ans.


Sur la contre-étiquette on peut lire :
"La liqueur contenue dans cette bouteille provient de la fabrication faite en 1944, année de la Libération, et commémorant cet événement.
Et elle a été conservée 10 ans en foudres et possède de ce fait une qualité exceptionnelle.
Il a été préparé 800 bouteilles de chartreuse jaune seulement, dans ces conditions." (Février 1954)
Voir aussi :

lundi 30 novembre 2015

La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (1/2)

Durant les années 1930, les Chartreux ont repris la fabrication de leur liqueur à Fourvoirie puis à Voiron. C’est lors des événements du second conflit mondial qu’ils vont finalement regagner leur monastère dont ils avaient été expulsés en 1903. “De l’armistice à la Libération il s’est passé à la Grande Chartreuse bien des choses dignes de mémoire” raconte Ambroise Jobert, une des principales sources de cet article.
 
En 1940, dans les armées françaises et britanniques...

Isère 1940
Si la production des liqueurs a repris en France dans les années 1930, l’ordre des Chartreux est toujours en Exil en Italie lorsque éclate la guerre. "Le 29 mai 1940, le R.P. Dom Ferdinand, affrontant les risques de cet exode, arriva à Grenoble avec le petit groupe de moines français et s'installa près de Voiron, à Orgeoise, dans la résidence des frères chargés de la fabrication de la liqueur". Il leur faut solliciter l'autorisation de s'installer à la Grande-Chartreuse, démarche compliquée par les circonstances du conflit militaire. La situation les force à s'en affranchir.

Retour à la Grande Chartreuse
"Le 20 juin (...)  Dom Ferdinand arriva en voiture à St Pierre de Chartreuse, ayant franchi de justesse les barrages préparés pour arrêter les allemands tout proches. Le 21 juin, les trois moines se présentèrent à la porte du monastère (...) Les 23 et 24, le flot de l'invasion allemande vint mourir contre le massif de Chartreuse, sans avoir atteint le monastère." Tandis que se joue la bataille de Vorreppe, après 37 années d'exil les Chartreux reprennent leur vie de prière et de silence dans le haut lieu de leur ordre. Voir l’article consacré à ce retour qui allait annoncer celui de l'étiquette de 1869 sur les bouteilles de liqueur.

En temps de guerre
Les choses vont évoluer au gré des circonstances, près de la ligne de front et au fil du conflit : "Tout se passa bien jusqu'à l’occupation italienne en novembre 1942. (...) Un colonel vint, en janvier 1943, les avertir qu'ils avaient fait l'objet de nombreuses dénonciations locales mais qu'il n'y aurait pas de perquisition avant février. (...) En septembre 1943, l'Italie passe dans le camp des Alliés. La Wehrmacht envahit Dauphiné et Savoie."
Durant ses années, le monastère servit de cache de matériel et de personnes et fut même visité par le sculpteur Arno Brecker qui y savoura un verre de liqueur. Au cours de toute la période les Chartreux donnèrent asile à des personnes menacées, par la police de Vichy puis par les occupants italiens et ensuite allemands.
"Les Pères aidaient de leur mieux les maquis installés dans les Granges de l'ordre" et à proximité en Chartreuse. Des témoignages font état de silhouettes en habit blanc aperçue de nuit dans le massif…
 
(A suivre...)
Voir aussi :
  • La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (2/2)
  • "La Grande-Chartreuse de l'Armistice à la Libération", Ambroise Jobert et Dom X**
  • "La Grande Chartreuse" par un chartreux
  • Guerre civile ? Un petit verre de Chartreuse

samedi 21 novembre 2015

"Une Chartreuse"

Une nouvelle cuvée de liqueur des Pères Chartreux est un évènement plutôt rare et lorsqu’il s’agit d’un produit haut de gamme cela ne laisse pas professionnels et amateurs indifférents.

Une chartreuse
Chartreuse Diffusion a commercialisé dans le courant de cette année 2015 deux nouvelles cuvées très limitées de liqueurs jaunes et vertes. Il s'agit d'assemblages de chartreuse avec une base de liqueur vieillie plusieurs décennies en fût. Le titrage est de 40,6% pour la jaune et 52,9% pour la verte.
 
 
 Texte de la contre-étiquette :  
"Les Pères chartreux nous proposent pour la toute première fois cet assemblage unique, dont la base a vieilli plusieurs décennies dans des demi-muids en chêne. Par la suite, les moines prélèveront chaque année une très faible quantité de cet ensemble pour donner naissance à "Une Chartreuse". Ces mêmes demi-muids seront ensuite complétés avec les plus vieilles liqueurs dont ils disposent."
Ce mode de production n'est pas sans rappeler celui des solera, la part la plus ancienne élevant l'ensemble. Cela implique une récurrence de cuvées par nature différentes, dont les prélèvements annuels seront comblés par de nouveaux ajouts de liqueurs vieillies.
 
Présentation
La dénomination de la cuvée fait astucieusement référence à celle utilisée fut un temps pour la chartreuse de Tarragone qui avait été substantivée ("Une Tarragone" lisait-on sur les publicités et les bouteilles). Cela renvoie à la riche histoire de la chartreuse mais aussi au vieillissement important d’une partie de la liqueur entrant dans sa composition.
Un  nouveau modèle d’étiquette se décline en versions jaunes et vertes. Le design se veut épuré et fait référence à l’aspect rétro des anciens modèles. L'année de mise est inscrite en rouge sur l'étiquette et chaque exemplaire est numéroté.
Les bouteilles au cabochon chartreuse gravé sont en verre soufflé artisanalement. Elles sont rangées dans des étuis en bois de type VEP qui contient également une clé usb détaillant la fabrication des bouteilles. Un livret présentant la cuvée est également inclus.

Commercialisation et discussions
Non seulement les quantités produites sont très limitées (120 exemplaires de chaque tous les ans) mais la vente de ces liqueurs est exclusivement restreinte aux professionnels, restaurateurs et sommeliers.
On peut tout d’abord s’interroger sur la nature de cette base "vieillie plusieurs décennies dans des demi-muids en chêne". D'où proviennent ces stocks significatifs de vieilles liqueurs qui semblent distincts des futs mis en vieillissement pour la VEP ? S'agit-il de réserves très anciennes des caves de Voiron ou de stocks d'autres provenances ?
La principale question reste de savoir à quoi ressemble la dégustation de cette cuvée "Une Chartreuse" ? A quel type de vieilles chartreuses peuvent-elles se comparer ?
 
Voir aussi :

lundi 2 novembre 2015

Exceptionnelle vente aux enchères de Chartreuse

Importante vente aux enchères "Finest and Rarest Wines" chez Christie's à Genève, les 8 et 9 novembre prochain, présentant une incroyable collection de vieilles chartreuses.
 
Une vue d'ensemble éloquente... ©Christie’s, 2015

Le catalogue de la vente, richement illustré, est consultable en ligne et vaut le coup d’œil. Il précise : "La plus impressionnante collection de liqueurs de la Grande Chartreuse jamais mise en vente aux enchères, provenant d'une cave privée de la région des Alpes".

De très nombreux lots, dont des pièces uniques, rendent cette vente exceptionnelle. En effet la collection retrace l'histoire de la chartreuse et son évolution depuis le 19ème siècle. On y trouve des bouteilles de toutes les périodes, y compris les plus rares : une chartreuse blanche, une jaune 1869-1878 et des 1878-1903, d'autres Fourvoiries, divers cuvées exceptionnelles et de nombreuses Tarragones anciennes...
Aperçu en images :

Chartreuse 1878-1903 Verte, Blanche et Jaune 
©Christie’s, 2015
"Une Tarragone" ©Christie’s, 2015
Caisse bois de 6 flacons de Verte 1951-1956 ©Christie’s, 2015

dimanche 25 octobre 2015

Dégustation octobre 2015

Comme chaque année, se tenaient par un samedi de début octobre, les réjouissances annuelles autour de la Chartreuse aux caves Bossetti. Les Fous de Chartreuse s'y étaient donnés rendez-vous et cette fois encore, Philippe le grand ordonnateur de ces festivités n'avait pas fait les choses à moitié !


Aperçu de la journée :
  • Toujours l'ambiance chaleureuse et conviviale avec une forte affluence pour cette édition. Au programme : de fins mets, de belles rencontres, de très bonnes liqueurs et les "classiques" d'une journée chez les Fous de Chartreuse...
  • Dégustation avec notamment les cuvées Fous de Chartreuse 2015 et 2013, les Santa Tecla 2015 et une très fine et très appréciée Cuvée de Jaune 2003, commémorative du centenaire de l'installation à Tarragone.
  • Vive le buffet ! Voir le menu, bien entendu chaque plat est préparé avec de la chartreuse. Mention spéciale au foie gras comme un nougat, au gros jambon de Mr Cochon et au gaspacho vert.
  • Une nouveauté, le festival off du blog, d'après une bonne idée de Philippe. Il s'agissait d'une sorte de contre-dégustation collaborative où chacun était invité à venir partager une bouteille, un fond de flacon... Grand merci à tous les amateurs qui ont joué le jeu puisque l'on dégusta dans la bonne humeur les cuvées Fêtes Vertes et Or 2015, Reine des Liqueurs 2012, 1605 Jaune, Tecla Verte 2004, épiscopale du 3ème millénaire, Voiron 1996, Voiron Jaune et Verte 1970's, Tarragone Verte 1970...
  • L'écrivain Léo Henry était présent suite à la publication récente de Boire le temps sur le blog.  Merci à lui pour son beau texte et sa disponibilité.
  • Non loin dans la rue des Archives, dégustation de chocolats à la Chartreuse chez Mazet. De très bons produits accompagnés d'une petite Tecla Jaune 2006.
 

Un grand merci à Philippe, aux Caves Bossetti et à Chartreuse !

Voir aussi :

jeudi 1 octobre 2015

Léo Henry - Boire le temps

Léo Henry est un auteur à l'univers singulier. Ses récits, souvent oniriques, labyrinthiques ou uchroniques, s'ils sont globalement sombres, montrent aussi une facette ludique, comme si placés sous le saint patronage méta-textuel de Jorge Luis Borges.
En plus de sa bibliographie foisonnante (plusieurs romans et recueils de nouvelles, des scénario de bédés, des collaborations, des jeux de rôles, des fanzines, etc.) il publie beaucoup en ligne, avec par exemple le projet d'il y a quelques années Cent bistros, où il s'est fixé comme objectif d'écrire un texte tous les jours dans un bar différent, pendant 100 jours, ou encore les nouvelles par email - une nouvelle par mois, envoyée gratuitement. Il travaille en ce moment à un grand roman hagiographique consacré à Hildegarde de Bingen, à paraître prochainement.
Et c'est dans son premier roman publié Rouge gueule de bois, (la rencontre et les aventures improbables de l'auteur de SF américain Fredric Brown et du réalisateur français Roger Vadim), que nous avons pu lire une première mention de la chartreuse sous sa plume. Nous avons tenu à l'inviter à nous en parler plus longuement, à sa manière, et ça donne ce texte : Boire le temps.
 
Léo sera présent ce samedi 3 octobre une partie de la journée aux caves Bossetti à Paris. En parallèle de la dégustation de chartreuse, il prendra part aux échanges et aux réjouissances...
 
* * *
   "L'histoire des cocktails est une fresque d'empires et de mondialisation. La mixologie naît des révolutions technologiques et des échanges commerciaux, elle surgit dans les sillages des cargos de marchandise, prospère dans les conquêtes de nouveaux territoires, les progrès de la science. Aux aristocratiques bols de punch du 18è siècle succèdent ces drinks servis verre après verre dans des bars d'officiers et de négociants, pour les colons, pour les artisans, pour les criminels.
   En 1910, préparer un Singapore Sling dans la colonie éponyme nécessite de réunir dans un même verre le citron vernaculaire, le gin londonien, le cherry brandy danois, la Bénédictine française et l'Angostura de Trinidad et Tobago. Autant dire que le soleil ne se couche jamais sur le territoire sollicité par cette seule boisson. La grâce d'ingrédients stabilisés, normalisés par des processus de fabrication industriels, offre au buveur, où qu'il se trouve sur terre, des mélanges à l'aspect et au goût identique. Boire un cocktail c'est abolir l'espace.
 
   Plus fascinante encore, peut-être, est la possibilité qu'offre la mixologie de court-circuiter le temps. Depuis la fin des années 1990, des historiens soucieux de la chose bue ont entrepris de reconstruire une histoire de cette gastronomie liquide aussi rigoureuse que possible. La moindre de leur tâche n'étant pas de remettre à leur place des centaines de légendes de comptoir, accréditées par l'habitude, le désir de publicité ou la simple répétition.
   Ainsi, grâce à des gens comme David Wondrich, Robert Hess ou Jim Meehan, savons-nous que le Bijou a été décrit pour la première fois en 1895 dans le livre de C.F. Lowlor."
Léo Henry - Boire le temps | Lire la suite
 
[Grand Merci à Léo pour son texte et à Aifeu pour le reste !]
 
Voir aussi :

samedi 19 septembre 2015

Dégustation le 3 octobre 2015

La très attendue célébration annuelle de la chartreuse aux caves Bossetti à Paris aura cette année lieu le samedi 3 octobre : save the date !
Outre les Santa Tecla nouvelles, une cuvée des Fous de Chartreuse 2015 sera proposée aux visiteurs,  entre autres liqueurs des Chartreux ainsi que deux cocktails. Comme d’habitude ce sera l’occasion non seulement d’une dégustation mais aussi d’un ensemble de surprises culinaires.
Le Grand Buffet Chartreuse :
 - Gaspacho de courgettes, menthe, Chartreuse (recette de Laurent Solivérès / Guy Savoye)
- Le Gros Jambon Blanc de Mr Cochon à la Chartreuse et ses pickles de fruits à la Chartreuse
 - Grosse Terrine de Cochon à la Chartreuse
 - Foie Gras de Canard comme un Nougat à la Chartreuse
 - Camembert, pain d'épices, Chartreuse
 - Cafés de "Terre De Café", arrosés ou non
 - Guimauves Chartreuse "Pain De Sucre"
Comme lors des éditions précédentes le blog sera présent :
Le Festival Off - Dégustation | L'équipe du blog ainsi que Stéphane et Philippe des caves Bossetti amènerons nos propres bouteilles collectors ; elles seront ouvertes en ordre aléatoire tout au long de la journée. Amenez vos bouteilles, faites les partager à ce Grand Woodstock de la Chartreuse !
Et toujours : la pêche miraculeuse, la séance photo hôtesse chartreuse, les chocolats Mazet et pleins de rencontres... Rendez-vous le 3 octobre prochain rue des Archives !

Programme de la dégustation

Voir aussi :

dimanche 13 septembre 2015

Santa Tecla 2015

Cette année les fêtes de la Santa Tecla  à Tarragone se tiendront du 14 au 24 septembre. Le programme est comme d’habitude chargé avec de nombreux événements, réjouissances populaires et manifestations traditionnelles.
 
Sur l’affiche officielle est représenté la figure mise à l’honneur pour cette édition : le Drac de Sant Roc, le dragon de Saint Roc. Ce thème visuel inspiré du folklore local est comme chaque année décliné en tant que contre-étiquette sur les chartreuses mises en vente lors des fêtes.
 
A noter cette année qu'une référence Trenta Tecles a été ajoutée sur la contre-étiquette pour la trentième participation de l'aigle aux festivités, après sa réintégration en 1986. La figure de l'aigle de Tarragone est  associée à la chartreuse, notamment lors d'une procession durant les festivités, en liens avec l'histoire de la liqueur dans la ville catalane.
 
Pour 2015, les chartreuses Santa Tecla seront en édition plus limitée que les années précédentes, avec 1800 bouteilles de jaune et 600 vertes, la première titrant toujours 43°. On retrouve le Drac de Sant Roc sur les barillets annonciateurs des très nombreuses mamadetas qui seront dégustées pour l'occasion !


Voir aussi:

mardi 8 septembre 2015

Livret de la Tarragone du siècle

Suite au récent article consacré à cette cuvée prestigieuse, le blog a la plaisir de proposer à ses lecteurs de prendre connaissance du livret qui se glissait dans le coffret de la Tarragone du siècle.

Il s'agit d'un document en couleur de 12 pages. Il présente successivement l'histoire de la Chartreuse à Tarragone au cours du siècle dernier, puis la composition de l'assemblage qui constitue cette cuvée commémorative. A ce titre Olivier Poussier, qui a collaboré à sa réalisation, y livre ses notes de dégustations pour quatre des dix millésimes entrant dans sa composition. Le livret se termine par des précisions sur la présentation et la datation de vieux flacons de Tarragone.

 
Voir aussi :

jeudi 20 août 2015

La Tarragone du siècle

Si la sortie d’une nouvelle cuvée spéciale de chartreuse est toujours un événement, cela avait été particulièrement le cas pour cette liqueur Tarragone du siècle.

La cuvée
Il s’agit d’une série limitée de 512 bouteilles, fruit de l’assemblage de plusieurs millésimes de Chartreuse Jaune de Tarragone (1906, 1910, 1920, 1930, 1948, 1951, 1961, 1967, 1973 et 1980). La cuvée a été réalisée par les Pères Chartreux en collaboration avec Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde 2000. Même si l'on retrouve toutes les décennies du siècle passé, la proportion de chaque millésime n’est pas connue mais, fait notable, le tout titre 37,7° du fait du vieillissement.
 
Présentation
Dans son coffret en bois, la cuvée dispose d’une étiquette spécifique déclinée sur le modèle de celle de la révolue chartreuse produite en Espagne.
Elle est accompagnée d’un livret qui revient sur l’histoire de cette dernière, présente la démarche ayant conduit à cette cuvée et les vieilles liqueurs qui entrent dans sa composition.
En effet chacun de ces anciens millésimes s'y voit agrémenté des commentaires de dégustation d’Olivier Poussier.
 
Commercialisation
Mis à la vente en 2007, le produit était destiné aux clients professionnels, restaurateurs et sommeliers. Il se caractérise par son positionnement haut de gamme et très limité : assemblage de vieilles chartreuses espagnoles, par nature si rares et entourées d’une aura toute particulière. Chaque exemplaire fut commercialisé au prix de 1605 euro (pas simple d’établir la valeur d’une telle bouteille…). Un des enjeux était d’éviter la spéculation pour un produit unique et non reproductible.
 
Discussions
Naturellement une telle cuvée ne pouvait que faire l’objet de débats passionnés ! Que ce soit sa nature même, l’usage de cuvées mythiques de Tarragone si limitées, le prix de vente et la rareté du peu d’exemplaires disponibles… On peut retrouver une partie des discussions sur le forum La Passion du Vin. Pour conclure, n’ayant pas eu la chance de goûter cette cuvée, penchons-nous sur les notes de dégustation de Philippe des caves Bossetti :
CHARTREUSE JAUNE "TARRAGONE DU SIECLE" ** (Juillet 2009)
"Robe jaune scintillante dorée; nez assez frais, pointe exotique complexe boisée finement, du miel, des épices fines, du tabac blond, suavité et toucher moelleux."
Voir aussi :

vendredi 10 juillet 2015

Premières fêtes Vertes et Or à Voiron

Du 22 au 26 juin c'est tenue à Voiron une première édition des Fêtes Vertes et Or, évènement organisé par Chartreuse Diffusion en partenariat avec la ville. Le blog ne fut pas en mesure de s’y rendre, aperçu toutefois de cette première édition.


Le contexte
Ces réjouissances avaient vocation non seulement à célébrer la liqueur dauphinoise mais aussi à rappeler les liens de la Chartreuse avec la ville de Voiron, et ce malgré le départ prochain de la distillerie vers le site d’Aiguenoire. La démarche a vocation à devenir récurrente avec des festivités biennales.
On retrouve bien ici une logique d’animation territoriale et commémorative comme c’est le cas à Tarragone avec la Santa Tecla. La preuve, il y a même une cuvée spéciale de liqueur verte pour l’occasion ! Sur le modèle des chartreuses dédiées au marché espagnol, le visuel des festivités figure en contre étiquette.

Aperçu du programme
Retrouvez la présentation de l’événement sur le nouveau site chartreuse.fr, dont voici des moments forts aux couleurs de la chartreuse :
  • De nombreuses animations en liens avec des établissements la ville (voir la carte)
  • Une exposition sur le thème de Fourvoirie avec des clichés inédits
  • Lors du marché place St Bruno une animation autour des plantes et leurs senteurs
  • Des visites du site de Fourvoirie : "Le Guiers, les ponts, les bâtiments des forges, le sentier de Cote Curt, vue surplombante de la distillerie et circuit autour de la distillerie".
  • Une conférence de Raymond Joffre de l’Académie Delphinale suivie d’échanges sur « Alpinus et le pays voironnais, la Chartreuse ».
  • Une soirée des Chefs aux Caves de la Chartreuse pour déguster des spécialités à base de Chartreuse réalisées par les chefs étoilés de l’Isère

Photo de Laia Díaz Segura via Històries d'una càmera  : grand merci à elle !






Les castellers à Voiron !
Figures emblématiques des festivités catalanes à Tarragone les fameuses pyramides humaines, les castellers, se sont produits à Voiron pour l’occasion. L’association Colla Castellera Sant Père i Sant Pau de Tarragone a fait 6 pyramides différentes,  prestations toujours aussi impressionnantes. Jean qui était sur place nous fait part de son retour :
“Effectivement j'ai parlé un peu en espagnol avec certains mais c'était simplement pour savoir qu'ils étaient une cinquantaine, tous vêtus de vert, venus de la région de Tarragone et que chez eux ils sont plus d'une centaine pour faire les pyramides humaines, que le lendemain samedi ils allaient se produire à nouveau vers la distillerie de la Chartreuse et que successivement, ils allaient monter des pyramides de 2, puis 3, puis 4 niveaux.  C'est ce que nous avons pu voir, accompagné d'une mélodie au fifre et au tambour.
Pour commencer, ils se sont tous religieusement recueillis sur le parvis de la cathédrale de Voiron, puis quelques uns ont monté une simple et  instable colonne à 4 niveaux, qui a descendu les marches puis s'est déplacée d'environ 80m au travers 2 rangées de spectateurs jusqu'à une grande surface ronde réservée près du podium. Les colonnes se sont succédées devant les spectateurs  inquiets et médusés. A la fin de leur représentation, tous les participants se sont congratulés, puis les plus jeunes ont dansé ensemble, danse du foulard et danse en rangs par 2, toujours en musique entraînante.”
 [Merci à Rodolphe et Jean]
 Voir aussi :

mardi 23 juin 2015

Anciennes PLV Chartreuse

Outils promotionnels, les PLV - publicités sur le lieu de vente - se déclinent en deux sortes en ce qui concerne la liqueur des Chartreux. En effet le lieu de vente varie selon qu’on l’achète en bouteille ou pour la consommer sur place. Tantôt utilitaires tantôt décoratives, les plus anciennes avec leur charme vintage sont de vrais objets de collections.

Chez les cavistes
La finalité est de présenter la chartreuse et de la mettre en valeur par rapport aux autres produits.
  • Des bouteilles factices de Chartreuse, par exemple pour les exposer en vitrine. Si cela est encore utilisé de nos jours pour les bouteilles de VEP, la pratique est bien plus ancienne pour la liqueur, voir cet exemplaire des années 1960.


  • Des objets décoratifs, comme par exemple des plaques métalliques aux couleurs de la chartreuse. Leur design évolue avec le temps et la présentation des bouteilles. Il y a aussi un modèle de lampe de chevet montée sur un jéroboam à l’étiquette des années 1960.
 
  • Enfin un produit aussi particulier que l’élixir végétal bénéficie bien entendu de quelques objets lui étant dédiés : porte-étuis, affiche cartonnée, etc.
Au bar
Ici les PLV côtoient les objets promotionnels plus utilitaires : verres, nécessaire à cocktails et autres accessoires. Il s'agit d'être visible auprès du consommateur, pour cela des éléments de décorations, voire des créations plus insolites, vont être utilisés.
  • Des éléments de décoration, des plaques murales mais aussi un support pour afficher le prix des verres de liqueur.

  • Un miroir avec éclairage. Visiblement produit en petite série, cette installation au design retro se branche sur le secteur ce qui illumine l'inscription sur le verre et le pourtour du cadre. "Création "Jendem" - Breveté S.G.D.G. - 75, avenue de la Capelette - Marseille".
 
  • Green Fire, un objet conçu spécifiquement pour la campagne promotionnelle du même nom, sur le marché américain dans les années 1970. Ce présentoir a la spécificité d'être animé. La bouteille posée dessus tourne et un jeu d'éclairage depuis la partie inférieur donne l'impression de flammes. Voilà qui en impose sur le bar, "For men who like to play with fire" !

Voir aussi :

samedi 11 avril 2015

Les 5 ans du blog !

En ce mois d’avril le blog de la chartreuse fête ses cinq ans d’existence. L’occasion de revenir sur le chemin parcouru depuis 2010.

Le blog en quelques articles
2010
2011
2012
2013
2014
2015
  • 5 ans du blog - C'est aujourd’hui !
  • A suivre...
Quelques chiffres
Cinq ans depuis la mise en ligne et le premier article... A ce jour :
Un grand merci !
Merci bien entendu aux lecteurs du blog. Merci aux contributeurs, ceux qui nous contactent par mail pour nous faire part de leurs remarques ou nous envoyer des photos et des informations. Merci également aux personnes rencontrées lors de différents évènements autour de la liqueur des Chartreux.

samedi 14 mars 2015

Vieilles bouteilles de VEP (3)

Suite et fin de cette série d’articles destinés à préciser la datation des bouteilles de VEP.

Courant des années 1980 / début des années 1990 - Pas de mention explicite
Pour cette période nulle année n’est clairement mentionnée sur le produit !
La contre étiquette est par conséquence revue, avec un texte décrivant le produit et la démarche de vieillissement. L'appellation V.E.P. et sa signification y font leur apparition. Sur l'étiquette la police du texte pour les ingrédients change (elle n'est plus cursive).
Bouteille post-1983. En haut à gauche le système d'encoches de datation, en bas à droite aucune indication...
Pour tenter d'affiner la datation, plusieurs cas de figures sont à distinguer. Chronologiquement :
  • Des encoches sur la contre-étiquette. Un système de datation par encoches était utilisé pour les bouteilles de liqueurs jaunes et vertes durant une partie des années 1980. Chartreuse Diffusion disposait d’une carte permettant de les "lire" pour décoder la date de mise en bouteille. (En fait des encoches font leur apparition sur les dernières bouteilles de la précédentes périodes)
  • Des bouteilles sans encoche ni aucune indication de quelque sorte. Pas aisé à dater.
  • A la fin de cette période, mise en œuvre du code xxx pour les VEP (voir photo ci-dessous). En ajoutant 1084, année de fondation de l’ordre des Chartreux, aux 3 chiffres on obtient l’année de mise en bouteille.
La VEP de gauche fut mise en bouteille en 908+1084, soit 1992
1994 / aujourd'hui - Mise en bouteille en...
C’est de nouveau l’année de mise en bouteille qui est mentionnée de façon explicite sur la contre-étiquette et c'est encore le cas aujourd’hui. Au passage la mention "CHARTREUSE V.E.P." fait son apparition sur l'étiquette.
A noter des bouteilles "Dernière mise en bouteille du millénaire" en 1999, de jaunes et de vertes.
Enfin outre les traditionnels formats de VEP en litre et demi-litre, existent des flacons de 20cl (dont la bouteille a récemment été modifiée) et des jéroboams (3L).

 
Voir aussi :

dimanche 1 mars 2015

Vieilles bouteilles de VEP (2)

Si de nos jours (et de 1963 à 1975) l’année de mise en bouteille est précisée sur les V.E.P., il n’en a pas toujours été de même...

1975 / env. mi-1980’s - Mise en vieillissement dans nos foudres de chêne en l'an...
Changement non négligeable, on qualifie durant cette période les VEP selon leur année de mise en vieillissement, précisée sur la contre-étiquette. Qu’est-ce qui a bien pu motiver un tel changement ?
Cela peut d’ailleurs porter à confusion du fait de la durée de vieillissement. Ainsi une bouteille mise en fut en 1964 n’a été commercialisée que 11 ans plus tard.

Aperçu via deux contre-étiquettes aux polices de textes différentes





Durant cette période la présentation a évolué, les ingrédients figurent désormais sur l’étiquette agrandie pour l’occasion, ainsi que la contenance et la mention "Chartreuse Diffusion". Il existe également des mignonnettes sur lesquelles l'année de mise en vieillissement est précisée.

La présence du sigle "Sécurité Sociale" sur certaines bouteilles permet de déterminer que cette période se poursuit au moins jusqu'en 1983, date à laquelle la loi sur ces cotisations sur les alcools est votée. Enfin les dernières bouteilles de cette période que nous avons pu constater étaient mises en foudres en 1975...

VEP 37,5cl

Les VEP sont traditionnellement conditionnées en litre et demi-litre, les bouteilles ci-dessus font exception avec leurs 37,5cl.
VEP au format peu conventionnel. Les contre-étiquettes différent, ce serait trop simple... (Merci à Marc pour les photos)


Ce sont des bouteilles de chartreuse classiques mais bouchées de liège et revêtues de cire. La contenance est surajoutée sur l'étiquette, on peut voir qu'il s'agissait de celle d'un litre de VEP. Serait-ce là les premiers modèles de demi-format de VEP ? Si non, on peut conjecturer un manque de bouteilles de 50cl.
(A suivre...)

jeudi 26 février 2015

Vieilles bouteilles de VEP (1)

Les V.E.P., jaunes et vertes, tiennent une place toute particulière dans la gamme Chartreuse : de part leur Vieillissement Exceptionnellement Prolongé elles en constituent le fleuron. Leur présentation jusqu’à dans le conditionnement traduit cela, mais lancées en 1963, comme celle des autres liqueurs elle a évolué. Cet article donne des précisions pour affiner cela, en illustrant le propos de photos de flacons. Il ne sera pas ici spécifiquement question des cuvées commémoratives qui constituent encore un cas à part (et sont par nature datées).

Précision quant aux éléments de datation d’anciennes VEP

L'évolution dans la présentation de ces vieilles bouteilles se traduit par des changements des mentions sur l'étiquette, de son design mais aussi, et c'est ce qui les caractérise, par les pratiques de datation sur la contre-étiquette. On distingue plusieurs périodes...

1963 / 1975 - Mise en bouteille en l'an...
Les VEP sont lancées commercialement en 1963, l’étiquette est alors d’un design épuré et les mentions y sont réduites à leur strict minimum : "LIQUEUR FABRIQUEE A LA GDE CHARTREUSE" et la signature de Dom Garnier.
Lors de cette période, on date les liqueurs selon leur année de mise en bouteille (cf. ci-dessous) et comme par la suite il n'est pas fait mention explicitement de la durée de vieillissement.
Plus tard, vont apparaître les mentions du tirage alcoolique et le "D" sur l'étiquette. On les retrouve sur celle de la cuvée réalisée pour les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968 (mais ce n'est pas systématique pour le "D" !). Parfois elles figurent en sur-ajout, de couleur rouge ou noire.

Les VEP sont numérotées... la plupart du temps !

Avec la création de Chartreuse Diffusion en 1970, disparaît la mention à la Compagnie française de la Grande-Chartreuse...
Bref, lors de cette première période, comme aujourd'hui c'est l'année de mise en bouteille qui apparaît sur le flacon, mais par la suite cela va changer et ainsi compliquer un peu les choses…
(A suivre…)

dimanche 8 février 2015

The drunken botanist

“Le botaniste ivre” est comme son sous-titre l’indique consacré aux plantes qui entrent dans la recette de boissons alcoolisées du monde entier. La démarche se veut didactique, à la croisée de la botanique et du savoir-vivre.
 
L’auteur, Amy Stewart, y fait preuve d’érudition en décrivant une longue série de plantes, herbes et épices divers, énumérant leurs propriétés et leur usage appliqué au domaine du bar et des préparations alcoolisées.
 
Bien entendu il y est question de chartreuse, mais pouvait-il en être autrement dans un tel ouvrage ? La liqueur des Chartreux est évoquée à multiples reprises, via l’énumération de certaines espèces végétales mais également au travers de recettes. Elle est mentionnée aux entrées correspondant aux plantes suivantes :
Mais un plus grand nombre d’espèces sont décrites comme entrant dans la composition des liqueurs à base de plantes. Un ouvrage instructif et bien présenté, mixant culture et boisson.

Voir aussi :

dimanche 25 janvier 2015

La Chartreuse fait son cinéma

Si on a déjà vu la Chartreuse dans le cinéma américain via Tarantino, elle n'en apparaît pas moins dans le 7ème Art made in France.

Razzia sur la chnouf - 1955
Dans ce film réalisé par Henri Decoin avec Jean Gabin et Lino Ventura, une Chartreuse est commandée dans un bistrot. On y aperçoit, furtivement une bouteille derrière le serveur.
 

Cet obscur objet du désir - 1977
Dans ce film de Luis Buñuel avec Fernando Rey, Carole Bouquet et Angela Molia, la Chartreuse est apprécié pour son côté “stimulant et aphrodisiaque”, dixit le major d’homme. On y voit très bien la bouteille mais ce n’est visiblement pas de la Chartreuse qui se trouve à l’intérieur.

Ma vie est un enfer - 1991
Dans ce film de et avec Josiane Balasko et Daniel Auteuil c’est le côté “fait par des moines” qui est mis en avant quand le diable en boit sans le savoir dans un cocktail et que la chartreuse lui procure un effet quelque peu indésirable... Et ici, pas de bouteille à l’écran.
 
[Article de Rodolphe, merci à lui]
Voir aussi :