Les liqueurs monastiques constituent un segment du marché des spiritueux en partie au moins assimilé à celui des liqueurs à base d’herbes et d’épices. La chartreuse aujourd’hui encore produite sous la supervision de moines en fait figure d’exemple-type tant par l’héritage lié à son histoire que par sa composition à base de plantes et son goût caractéristique.
Des origines...
Ces liqueurs sont très anciennes et avant d’être un produit d’agrément il s’agissait de concoctions de plantes fabriquées par des moines et destinées à soigner. Au Moyen Age ce sont les ordres religieux qui détiennent le savoir nécessaire, herboristerie et connaissance des procédés de production. Initialement d’une commercialisation locale et limitée, leur nombre est élevé et les variantes de compositions sont très nombreuses et diverses.
Le XIXème siècle voit triompher la chartreuse en terme de ventes et de renommée et selon Michel Steinmetz, auteur de l’ouvrage de référence à son sujet : “celle qui fut nommée "Reine des liqueurs" et qui régna sans partage sur le monde des digestifs entre 1840 et 1973 fut la Jaune... à 43°.” Ce type de produit est alors en phase avec les habitudes de consommation du public et le marché se développe fortement, le progrès technique et la révolution industrielle permettant une production bien plus importante qui sera aussi le fait d’industriels.
… au terme du XIXème siècle
Il n’est pas rare que ces derniers s’inspirent des compositions et présentations des produits monastiques et traditionnels afin de profiter de leur image de marque et de leur succès sur ce lucratif marché. Il est donc important de distinguer les liqueurs effectivement produites par les moines. En ce qui concerne la chartreuse cela donne lieu à de nombreuses contrefaçons et imitations et ainsi à une abondante chronique judiciaire aux prémices des réglementations en terme de propriété industrielle.
La prospérité du créneau des liqueurs à base de plantes va être mise à mal dans la première moitié du XXème du siècle du fait de l’évolution des goûts des consommateur et du développement d’autres créneaux dont celui des boissons à base de fruits que le progrès technique en matière de conservateurs rend possible.
Liqueurs d’origine monastique - exemples et éléments caractéristiques
La chartreuse en est l’illustration par excellence, aujourd’hui encore la fabrication est supervisée par des moines chartreux ce qui constitue un argument commercial (cf nombreuses publicités ou les contre-étiquettes ATC). De nos jours son positionnement entre tradition et modernité est intéressant et les campagnes marketing transcrivent bien cet état.
On peut aussi citer la Bénédictine de Fécamp et la Lérina de l’abbaye de Lérins ainsi que, parmi des liqueurs à base d’herbes et d’épices, l’Izarra de la côte basque ou la Kerman. A noter que pour la plupart ces produits se déclinent en variantes jaunes et vertes à l’image de la chartreuse.
Les liqueurs monastiques sur :
- The cocktail database
- Les alcools des vieux bistrots
Outre l’origine de leur production qui est le fait d’ordres religieux, un certain nombre d’éléments les caractérise :
- Une recette ancestrale, qui s’inscrit dans une dimension historique et renvoie à la tradition, et en outre souvent tenue secrète jusque dans la nature de ses ingrédients
- Une composition à base de plantes, aromatiques, médicinales et d’épices
- Un produit attaché à une origine religieuse et/ou géographique
- Une présentation caractéristique des étiquettes et bouteilles avec des similarités dans l’aspect traditionnel de l’image de marque et l’usage de symboles et d’une identité visuelle différenciante des autres liqueurs
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