Toute l'équipe du blog vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d'année.
vendredi 25 décembre 2015
lundi 7 décembre 2015
La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (2/2)
Après un article consacré aux événements à proximité de la Grande Chartreuse pendant le second conflit mondial, il est temps de s'intéresser plus spécifiquement à la liqueur durant cette période.
Cuvée commémorative de la Libération
Retour à l’ancienne présentation
Un an après leur retour au Monastère de la Grande Chartreuse, pour célébrer ce premier anniversaire, la liqueur retrouve la présentation qui était la sienne au 19ème siècle et son étiquette d’alors, si caractéristique. Voir l'article consacré à ce sujet.
Restrictions et pénuries
La guerre va influer sur la production de la liqueur du fait de restrictions impactant la fabrication. Pour faire face aux pénuries d’eau-de-vie de vins, celle-ci est remplacée lorsque nécessaire par des alcools à base de betterave. Ceci impacta nécessairement son goût et des dégustateurs de vieux flacons sont formels, on peut le ressentir clairement en buvant des bouteilles de cette période.
Un an après leur retour au Monastère de la Grande Chartreuse, pour célébrer ce premier anniversaire, la liqueur retrouve la présentation qui était la sienne au 19ème siècle et son étiquette d’alors, si caractéristique. Voir l'article consacré à ce sujet.
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La gamme de Chartreuse 1941 - 1951 |
La guerre va influer sur la production de la liqueur du fait de restrictions impactant la fabrication. Pour faire face aux pénuries d’eau-de-vie de vins, celle-ci est remplacée lorsque nécessaire par des alcools à base de betterave. Ceci impacta nécessairement son goût et des dégustateurs de vieux flacons sont formels, on peut le ressentir clairement en buvant des bouteilles de cette période.
Sur la contre-étiquette d'une bouteille de liqueur d'époque on peut toutefois lire :
Extrait d'un dépliant glissé avec un flacon d'élixir végétal :"Malgré les difficultés de réapprovisionnement de certains produits, notre fabrication continue dans les meilleures conditions, avec les mêmes garanties de qualité pour les produits essentiels : alcools, plantes, sucre, à l’exception de toute saccharine." (janvier 1944)
Le conditionnement est également affecté du fait des difficulté à se procurer verre et bois. Conséquence l'étuis d'élixir est fabriqué en carton durant cette période et pour se procurer des produits des Chartreux, il faut préalablement restituer les précédentes bouteilles vides. Qui plus est, faute de plombs la couleur du verre des bouteilles est d'un vert plus foncé.
Cuvée commémorative de la Libération
Annonciatrice des cuvées de chartreuse VEP, cette liqueur commémore la Libération par le biais d'une production spéciale, vieillie durant 10 ans.
Sur la contre-étiquette on peut lire :
Voir aussi :"La liqueur contenue dans cette bouteille provient de la fabrication faite en 1944, année de la Libération, et commémorant cet événement.Et elle a été conservée 10 ans en foudres et possède de ce fait une qualité exceptionnelle.Il a été préparé 800 bouteilles de chartreuse jaune seulement, dans ces conditions." (Février 1954)
lundi 30 novembre 2015
La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (1/2)
Durant les années 1930, les Chartreux ont repris la fabrication de leur liqueur à Fourvoirie puis à Voiron. C’est lors des événements du second conflit mondial qu’ils vont finalement regagner leur monastère dont ils avaient été expulsés en 1903. “De l’armistice à la Libération il s’est passé à la Grande Chartreuse bien des choses dignes de mémoire” raconte Ambroise Jobert, une des principales sources de cet article.
En 1940, dans les armées françaises et britanniques... |
Isère 1940
Si la production des liqueurs a repris en France dans les années 1930, l’ordre des Chartreux est toujours en Exil en Italie lorsque éclate la guerre. "Le 29 mai 1940, le R.P. Dom Ferdinand, affrontant les risques de cet exode, arriva à Grenoble avec le petit groupe de moines français et s'installa près de Voiron, à Orgeoise, dans la résidence des frères chargés de la fabrication de la liqueur". Il leur faut solliciter l'autorisation de s'installer à la Grande-Chartreuse, démarche compliquée par les circonstances du conflit militaire. La situation les force à s'en affranchir.
Retour à la Grande Chartreuse
"Le 20 juin (...) Dom Ferdinand arriva en voiture à St Pierre de Chartreuse, ayant franchi de justesse les barrages préparés pour arrêter les allemands tout proches. Le 21 juin, les trois moines se présentèrent à la porte du monastère (...) Les 23 et 24, le flot de l'invasion allemande vint mourir contre le massif de Chartreuse, sans avoir atteint le monastère." Tandis que se joue la bataille de Vorreppe, après 37 années d'exil les Chartreux reprennent leur vie de prière et de silence dans le haut lieu de leur ordre. Voir l’article consacré à ce retour qui allait annoncer celui de l'étiquette de 1869 sur les bouteilles de liqueur.
En temps de guerre
Les choses vont évoluer au gré des circonstances, près de la ligne de front et au fil du conflit : "Tout se passa bien jusqu'à l’occupation italienne en novembre 1942. (...) Un colonel vint, en janvier 1943, les avertir qu'ils avaient fait l'objet de nombreuses dénonciations locales mais qu'il n'y aurait pas de perquisition avant février. (...) En septembre 1943, l'Italie passe dans le camp des Alliés. La Wehrmacht envahit Dauphiné et Savoie."
Durant ses années, le monastère servit de cache de matériel et de personnes et fut même visité par le sculpteur Arno Brecker qui y savoura un verre de liqueur. Au cours de toute la période les Chartreux donnèrent asile à des personnes menacées, par la police de Vichy puis par les occupants italiens et ensuite allemands.
"Les Pères aidaient de leur mieux les maquis installés dans les Granges de l'ordre" et à proximité en Chartreuse. Des témoignages font état de silhouettes en habit blanc aperçue de nuit dans le massif…
(A suivre...)
Voir aussi :
- La Chartreuse et la seconde guerre mondiale (2/2)
- "La Grande-Chartreuse de l'Armistice à la Libération", Ambroise Jobert et Dom X**
- "La Grande Chartreuse" par un chartreux
- Guerre civile ? Un petit verre de Chartreuse
samedi 21 novembre 2015
"Une Chartreuse"
Une nouvelle cuvée de liqueur des Pères Chartreux est un évènement plutôt rare et lorsqu’il s’agit d’un produit haut de gamme cela ne laisse pas professionnels et amateurs indifférents.
Une chartreuse
Chartreuse Diffusion a commercialisé dans le courant de cette année 2015 deux nouvelles cuvées très limitées de liqueurs jaunes et vertes. Il s'agit d'assemblages de chartreuse avec une base de liqueur vieillie plusieurs décennies en fût. Le titrage est de 40,6% pour la jaune et 52,9% pour la verte.
Texte de la contre-étiquette :
"Les Pères chartreux nous proposent pour la toute première fois cet assemblage unique, dont la base a vieilli plusieurs décennies dans des demi-muids en chêne. Par la suite, les moines prélèveront chaque année une très faible quantité de cet ensemble pour donner naissance à "Une Chartreuse". Ces mêmes demi-muids seront ensuite complétés avec les plus vieilles liqueurs dont ils disposent."
Ce mode de production n'est pas sans rappeler celui des solera, la part la plus ancienne élevant l'ensemble. Cela implique une récurrence de cuvées par nature différentes, dont les prélèvements annuels seront comblés par de nouveaux ajouts de liqueurs vieillies.
Présentation
La dénomination de la cuvée fait astucieusement référence à celle utilisée fut un temps pour la chartreuse de Tarragone qui avait été substantivée ("Une Tarragone" lisait-on sur les publicités et les bouteilles). Cela renvoie à la riche histoire de la chartreuse mais aussi au vieillissement important d’une partie de la liqueur entrant dans sa composition.
Un nouveau modèle d’étiquette se décline en versions jaunes et vertes. Le design se veut épuré et fait référence à l’aspect rétro des anciens modèles. L'année de mise est inscrite en rouge sur l'étiquette et chaque exemplaire est numéroté.
Les bouteilles au cabochon chartreuse gravé sont en verre soufflé artisanalement. Elles sont rangées dans des étuis en bois de type VEP qui contient également une clé usb détaillant la fabrication des bouteilles. Un livret présentant la cuvée est également inclus.
Commercialisation et discussions
Non seulement les quantités produites sont très limitées (120 exemplaires de chaque tous les ans) mais la vente de ces liqueurs est exclusivement restreinte aux professionnels, restaurateurs et sommeliers.
On peut tout d’abord s’interroger sur la nature de cette base "vieillie plusieurs décennies dans des demi-muids en chêne". D'où proviennent ces stocks significatifs de vieilles liqueurs qui semblent distincts des futs mis en vieillissement pour la VEP ? S'agit-il de réserves très anciennes des caves de Voiron ou de stocks d'autres provenances ?
La principale question reste de savoir à quoi ressemble la dégustation de cette cuvée "Une Chartreuse" ? A quel type de vieilles chartreuses peuvent-elles se comparer ?
Voir aussi :
- Livret "Une Chartreuse" avec les notes de dégustations des deux cuvées
- La Tarragone du siècle
lundi 2 novembre 2015
Exceptionnelle vente aux enchères de Chartreuse
Importante vente aux enchères "Finest and Rarest Wines" chez Christie's à Genève, les 8 et 9 novembre
prochain, présentant une
incroyable collection de vieilles chartreuses.
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Une vue d'ensemble éloquente... ©Christie’s, 2015 |
Le catalogue de la vente, richement illustré, est consultable en ligne et vaut le coup d’œil. Il précise : "La plus impressionnante collection de liqueurs de la Grande Chartreuse jamais mise en vente aux enchères, provenant d'une cave privée de la région des Alpes".
De très nombreux lots, dont des pièces uniques, rendent cette vente
exceptionnelle. En effet la collection retrace l'histoire de la
chartreuse et son évolution depuis le 19ème siècle. On y trouve des
bouteilles de
toutes les périodes, y compris les plus rares : une chartreuse blanche, une jaune 1869-1878 et des 1878-1903, d'autres Fourvoiries, divers cuvées
exceptionnelles et de
nombreuses Tarragones anciennes...
Aperçu en images :
Aperçu en images :
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"Une Tarragone" ©Christie’s, 2015 |
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Caisse bois de 6 flacons de Verte 1951-1956 ©Christie’s, 2015 |
dimanche 25 octobre 2015
Dégustation octobre 2015
Comme chaque année, se tenaient par un samedi de début octobre, les réjouissances annuelles autour de la Chartreuse aux caves Bossetti. Les Fous de Chartreuse s'y étaient donnés rendez-vous et cette fois encore, Philippe le grand ordonnateur de ces festivités n'avait pas fait les choses à moitié !
Aperçu de la journée :
- Toujours l'ambiance chaleureuse et conviviale avec une forte affluence pour cette édition. Au programme : de fins mets, de belles rencontres, de très bonnes liqueurs et les "classiques" d'une journée chez les Fous de Chartreuse...
- Dégustation avec notamment les cuvées Fous de Chartreuse 2015 et 2013, les Santa Tecla 2015 et une très fine et très appréciée Cuvée de Jaune 2003, commémorative du centenaire de l'installation à Tarragone.
- Vive le buffet ! Voir le menu, bien entendu chaque plat est préparé avec de la chartreuse. Mention spéciale au foie gras comme un nougat, au gros jambon de Mr Cochon et au gaspacho vert.
- Une nouveauté, le festival off du blog, d'après une bonne idée de Philippe. Il s'agissait d'une sorte de contre-dégustation collaborative où chacun était invité à venir partager une bouteille, un fond de flacon... Grand merci à tous les amateurs qui ont joué le jeu puisque l'on dégusta dans la bonne humeur les cuvées Fêtes Vertes et Or 2015, Reine des Liqueurs 2012, 1605 Jaune, Tecla Verte 2004, épiscopale du 3ème millénaire, Voiron 1996, Voiron Jaune et Verte 1970's, Tarragone Verte 1970...
- L'écrivain Léo Henry était présent suite à la publication récente de Boire le temps sur le blog. Merci à lui pour son beau texte et sa disponibilité.
- Non loin dans la rue des Archives, dégustation de chocolats à la Chartreuse chez Mazet. De très bons produits accompagnés d'une petite Tecla Jaune 2006.
Un grand merci à Philippe, aux Caves Bossetti et à Chartreuse !
Voir aussi :
jeudi 1 octobre 2015
Léo Henry - Boire le temps

En plus de sa bibliographie foisonnante (plusieurs romans et recueils de nouvelles, des scénario de bédés, des collaborations, des jeux de rôles, des fanzines, etc.) il publie beaucoup en ligne, avec par exemple le projet d'il y a quelques années Cent bistros, où il s'est fixé comme objectif d'écrire un texte tous les jours dans un bar différent, pendant 100 jours, ou encore les nouvelles par email - une nouvelle par mois, envoyée gratuitement. Il travaille en ce moment à un grand roman hagiographique consacré à Hildegarde de Bingen, à paraître prochainement.
Et c'est dans son premier roman publié Rouge gueule de bois, (la rencontre et les aventures improbables de l'auteur de SF américain Fredric Brown et du réalisateur français Roger Vadim), que nous avons pu lire une première mention de la chartreuse sous sa plume. Nous avons tenu à l'inviter à nous en parler plus longuement, à sa manière, et ça donne ce texte : Boire le temps.
Léo sera présent ce samedi 3 octobre une partie de la journée aux caves Bossetti à Paris.
En parallèle de la dégustation de chartreuse, il prendra part aux échanges et aux réjouissances...
"L'histoire des cocktails est une fresque d'empires et de mondialisation. La mixologie naît des révolutions technologiques et des échanges commerciaux, elle surgit dans les sillages des cargos de marchandise, prospère dans les conquêtes de nouveaux territoires, les progrès de la science. Aux aristocratiques bols de punch du 18è siècle succèdent ces drinks servis verre après verre dans des bars d'officiers et de négociants, pour les colons, pour les artisans, pour les criminels.
En 1910, préparer un Singapore Sling dans la colonie éponyme nécessite de réunir dans un même verre le citron vernaculaire, le gin londonien, le cherry brandy danois, la Bénédictine française et l'Angostura de Trinidad et Tobago. Autant dire que le soleil ne se couche jamais sur le territoire sollicité par cette seule boisson. La grâce d'ingrédients stabilisés, normalisés par des processus de fabrication industriels, offre au buveur, où qu'il se trouve sur terre, des mélanges à l'aspect et au goût identique. Boire un cocktail c'est abolir l'espace.Plus fascinante encore, peut-être, est la possibilité qu'offre la mixologie de court-circuiter le temps. Depuis la fin des années 1990, des historiens soucieux de la chose bue ont entrepris de reconstruire une histoire de cette gastronomie liquide aussi rigoureuse que possible. La moindre de leur tâche n'étant pas de remettre à leur place des centaines de légendes de comptoir, accréditées par l'habitude, le désir de publicité ou la simple répétition.Ainsi, grâce à des gens comme David Wondrich, Robert Hess ou Jim Meehan, savons-nous que le Bijou a été décrit pour la première fois en 1895 dans le livre de C.F. Lowlor."
Léo Henry - Boire le temps | Lire la suite
Voir aussi :
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