lundi 14 février 2011

Mystérieuses mignonnettes

Les mignonnettes éveillent depuis des années la curiosité de nombreux collectionneurs, aussi bien par leur profusion que par leur variété. Elles font l’objet de convoitises tant leurs apparences (formes, étiquettes, contenances, matières, détails...) ont évolué au cours du temps et il est d’ailleurs parfois difficile de les dater avec précision. Leur valeur varie en fonction de leur âge, de leur état, de leurs caractéristiques et de leur rareté.

Historique des mignonnettes
Il faut remonter à la période Romaine (et oui !) pour voir apparaître les premières mignonnettes de vin, sous la forme à cette époque d’amphores miniatures. Celles-ci étaient envoyées par les négociants aux acheteurs afin qu’ils puissent goûter la marchandise. Elles ont donc à l’origine un but promotionnel.
Vers la fin du 19ème siècle, l’apparition des distilleries industrielles favorise la production de ces mini-bouteilles, qui comme leurs ancêtres, sont destinées principalement aux clients. Ce sont notamment les grandes marques de whisky, cognacs, liqueurs, porto et pastis qui vont se lancer dans ce type de format. Excepté leur contenance, les mignonnettes ont souvent la même forme et la même étiquette que les formats de base.

Par la suite, ces mini bouteilles vont très rapidement se diffuser comme par exemple dans les hôtels et les trains, passant ainsi de l’objet promotionnel à un objet de consommation, puis plus tard, à l’objet de collection ! (Pour info, un collectionneur de mignonnettes se nomme : “buticulamicrophiliste”. Facile à retenir, non ?). Le développement et la diffusion des mignonnettes est fulgurant durant la période 1950/1970. En effet, la plupart des producteurs (distilleries, marques, revendeurs, etc.) disposent de mignonnettes à leur nom. C’est donc au cours des années 70 que cet objet va susciter l’intérêt des collectionneurs et leur prix va subir une hausse durant cette période.

Contenance, aspect et datation
La contenance des mignonnettes oscillent entre 2 et 10 cl, parfois 20 cl. En ce qui concerne la liqueur de la Grande Chartreuse, les mignonnettes sont de 3 cl, sauf l’élixir Végétal dont deux formats existent : 8 et 10 cl. Ceci, vous l’aurez compris, le place donc dans la catégorie des mignonnettes ! Les bouteilles contenant entre 10 et 20 cl sont nommées quant à elles “Petites Bouteilles”, par exemple dans la gamme de chartreuse des années 1950, plus récemment pour de la VEP ou encore les Flasks.
En ce qui concerne l’aspect de ces petits bijoux, la matière dont ceux-ci sont réalisés, diffèrent selon la période, la marque, ou même l’occasion pour laquelle ils sont réalisés. Même si de nos jours, les mignonnettes sont principalement faites en verre, d’autres matières ont été utilisées telles que : porcelaine, cristal de Baccarat, barbotine, grès, argile, résine... Quant aux formes, elles sont toutes aussi variées : miniatures, fioles, amphores, cruchons, aiguières...

Je vous rassure, pour ce qui est de la chartreuse, toutes ont été fabriquées en verre, à l’image des bouteilles de liqueur ! J’en ai repéré de nombreuses variantes, notamment au niveau du goulot plus ou moins renflé selon les modèles. Il est parfois difficile de dater avec précision les mignonnettes. Cependant, certains éléments peuvent nous aider à leur donner un âge, particulièrement en observant les étiquettes comme les mentions légales, le pourcentage d’alcool (indiqué ou non), la fermeture (liège, capsule en étain ou bouchon à vis), etc... D’après nos renseignements, les plus vieilles mignonnettes de la liqueur des pères chartreux dateraient de l'entre-deux-guerres.


Conservation et consommation

Une des questions que beaucoup de personnes peuvent se poser est de savoir comment ces mignonnettes se conservent. Comme leur grande soeur, la protection à l’abri du soleil, de la chaleur et de l’humidité sont les principaux critères pour les garder en bon état. Avec le temps les miniatures peuvent subir une évaporation même si elles n’ont jamais été ouvertes, cette évaporation est souvent appelée la "part des anges”.
Les mignonnettes sont-elles consommables ? Je sais que pour nombreux collectionneurs, cette action est inenvisageable et demeure un sacrilège, mais en effet ces petits bijoux peuvent se consommer s'ils ont été bien conservés. A cette condition elles évoluent aussi avec l’âge, comme c’est le cas des formats plus traditionnels, et ne perderaient rien de leur potentiel dégustatif. J’ai personnellement vérifié cette affirmation en ouvrant récemment 2 miniatures de chartreuse : une voiron verte début des années 80, et une voiron jaune des années 70. Mon constat est simple : magnifique ! Elles n’ont rien perdu de leur saveur, bien au contraire.

Pour conclure, les mignonnettes restent des objets de collection et leur prix peut atteindre plus de 50/100 € pour des modèles anciens et/ou rares. Il est difficile de connaître l’apparition des premières mignonnettes de chartreuse et de savoir s’il en existent pour chaque modèle et chaque période. Nous sommes donc preneurs de toutes informations à ce sujet ! Photos bienvenues !

[Article rédigé par Vin's, merci !] 
Voir aussi:

samedi 29 janvier 2011

Cabinet de curiosités Chartreuse

En lien avec le blog, nous vous annonçons l’ouverture d’une galerie d’images regroupant divers photos relatives à la Chartreuse et si possible "avec un certain goût pour l'hétéroclisme et l'inédit" ! Découvrez le Cabinet de curiosités de la Chartreuse !

Objets promotionnels, bouteilles, publicités, produits dérivés, documents anciens en rapport avec la chartreuse... qu'ils soient peu courants, rares, esthétiques ou tout simplement marrants !

Des ajouts auront lieu de façon périodique. Clichés insolites ou détails incongrus bienvenus ! N'hésitez surtout pas à nous faire part de vos photos...

… et un grand MERCI à tout ceux qui ont contribué à cette galerie.




Les dernières photos ajoutées à la galerie.

Pour commencer 25 images, commentaires bienvenus.

mercredi 19 janvier 2011

Anciens dépliants d'Elixir Végétal

Conditionné dans son étui protecteur en bois, le flacon d'Elixir Végétal de la Grande-Chartreuse est traditionnellement accompagné d'un dépliant qui en rappelle l'histoire, les vertus et les façons de le consommer. Bien entendu ces derniers ont évolué au fils des présentations successives du produit et des circonstances. En voici un certain nombre d'illustrations.

Les deux premiers datent de la seconde guerre mondiale, respectivement de 1939 et de 1944 (du fait des rationnements liés aux conflits la bouteille est protégée par un étui cylindrique de carton rigide). A noter que les deux mentionnent la datent de 1607 et non 1605.

Celui de 1939 est accompagné d'un coupon précisant : "Pour nous permettre de continuer à vous approvisionner d'Elixir, rapportez ce flacon vide à votre fournisseur en le priant de le faire suivre à - Grande Chartreuse, Voiron (Isère) - avec ceux qu'il aura regroupé."

Le dépliant suivant précise ces conditions et mentionne en outre "Le transvasement est interdit (Loi du 24/09/1941 sur l'étiquettage)". Ces éléments figurent directement sur le document lui-même en non plus sur un coupon et outre l'étuis, la qualité du papier et le contenu du dépliant ont été affectés par le conflit. Les Pères Chartreux ont regagné le monastère de la Grande Chartreuse en 1940.

  
Ce dernier dépliant date a priori de la fin des années 1960. 

Voir aussi :

mardi 28 décembre 2010

Une nouvelle cuvée spéciale : la Reine des liqueurs

La Reine des liqueurs est une cuvée spéciale de Chartreuse Jaune titrant à 43° et limitée à 1440 bouteilles numérotées.

A la fin du 19ème siècle la Chartreuse Jaune était connue comme la  «Reine des Liqueurs», tant elle faisait référence par sa qualité et en terme d’image de marque sur le segment des liqueurs monastiques, fort prisées alors. Voici ce que précise la contre-étiquette de cette nouvelle cuvée :
“Lorsque les Pères Chartreux mettent au point la Chartreuse Jaune, en 1838, celle-ci connaît rapidement un très grand succès. Digestive, plus douce que la Chartreuse Verte, elle s’impose à travers toute l’Europe, aidée en cela par les officiers de l’Armée des Alpes qui avaient su en apprécier toute la finesse et avaient promis aux Pères Chartreux de la faire connaître.
A la fin du 19ème siècle la Chartreuse Jaune est sur toutes les grandes tables, jusqu’à la Cour de Russie où le Tsar Nicolas II l’apprécie particulièrement. C’est alors qu’elle acquière son surnom : « La Reine des Liqueurs »
Commercialisée en 2010, courant décembre, cette Chartreuse est conditionnée en bouteilles de 70cl, avec une contre étiquette spécifique et un coffret en bois. La bouteille, avec l’inscription Grande Chartreuse, le globe crucifère et les sept étoiles en relief, est similaire à celle utilisée pour la cuvée commémorative de 2003. Si le tirage est limité et les bouteilles numérotées, la distribution aussi semble restreinte, cantonnée aux cavistes des régions grenobloises et lyonnaises. A noter qu’elle n’est pas vendue à la boutique de Voiron, sur le lieu de production.

Quelle est la réelle spécificité de cette liqueur ? On peut tout d’abord noter que cette cuvée diffère de la Jaune traditionnelle par son degré d’alcool, 43° au lieu de 40°, comme c’était le cas avant 1973 pour la Jaune. L’abaissement du titrage avait été imposé par des considérations d’ordre fiscales et commerciales du fait de taxes règlementaires ; cette évolution des qualités du produit ayant bien entendu eu un impact sur les caractéristiques de la liqueur. D'âpres certains amateurs ces 43° degrés font de cette Reine des liqueurs une Chartreuse particulièrement adaptée à une conservation prolongée et avec un potentiel de vieillissement prometteur, au même titre que les Tecla Jaunes depuis 2009.

Enfin voici ce que stipule la contre étiquette :
“Cette Chartreuse Jaune, comme son illustre ancêtre , vous est proposée à son titrage d’origine, 43%. Cette cuvée 2010 a été réalisée par les Pères Chartreux, comme en 1838, selon la même recette et les mêmes procédés de distillation.”
Il s'agirait donc d'une Chartreuse Jaune au process de fabrication spécifique, inspirée des prémices de la production au 19ème siècle... Reste-t-il quelque chose à ajouter si ce n'est après en avoir dégusté un verre ?!

jeudi 16 décembre 2010

Chartreuse VEP Jaune et Verte

La VEP, une Chartreuse haut de gamme
Comme l’indiquent ses initiales, la Chartreuse VEP  est une chartreuse à “Vieillissement Exceptionnellement Prolongé” ; elle se décline en VEP Jaune (parfois appelée Reine des liqueurs) et Verte.

Les VEP sont produites de la même manière que les chartreuses traditionnelles, c’est à dire selon un procédé resté secret et à base de plus de 130 plantes et herbes, mais leur spécificité réside dans la durée de la phase de vieillissement en fûts de chênes. Selon nos informations celle-ci serait d’une quinzaine d’années ; encore une fois pour ce qui concerne la liqueur des pères chartreux le mystère est de mise et il n’est pas impossible que cette durée ait pu légèrement varier au fil du temps.

Chaque année sont mises en vieillissement des quantités très limitées de Chartreuse Jaune et Verte, parmi les meilleures, sélectionnées par les pères chartreux et comme le stipule la contre étiquette elle n’est commercialisée que lorsqu’elle a atteint sa pleine maturité. Grâce à leur vieillissement, la teneur en alcool s’estompe légèrement (elles titrent respectivement 42° et 54°, soit un degré de moins que leurs homologues traditionnelles) et ces cuvées acquièrent un arôme, une saveur, une finesse et un moelleux supplémentaire. Toute en subtilité, la bonification de la liqueur sous l’effet du temps est indubitable, les VEP constituent ainsi le haut de gamme de la production actuelle.

Ces cuvées se présentent dans une bouteille identique à celle utilisée avant 1840, en verre sombre, avec un bouchon de liège cacheté à la cire et la contre étiquette est également cachetée avec l’emblème de la Grande Chartreuse. Elles sont conditionnées dans un coffret de bois marqué au fer. La VEP existent en 50 cl et un litre. Un nombre limité de bouteilles est produit chaque année et chacune est dotée d’un numéro d’identification.

Histoire de la production des VEP
Les VEP sont distribuées depuis 1963 mais elles ne constituent pas la première expérience de Chartreuse mise en vieillissement avant commercialisation. En quelque sorte elles viennent pérenniser la réalisation d’un certain nombre de cuvées anniversaires qui mirent en exergue les vertus du vieillissement et ses bienfaits relativement à la qualité des liqueurs. Ce furent les cuvées de 1932, 1940 et 1944, strictement limitées (environ 800 exemplaires) et qualitatives, qui au terme d’une décennie de conservation en “demi-muids de chêne plus que centenaires” furent mises en vente pour commémorer respectivement la reprise de la distillation à Fourvoirie, le retour des pères à la Grande Chartreuse et la libération de la France. Ainsi la plus ancienne de ces liqueurs fut produite à Fourvoirie.

Fort de ces précédents alliant finesse, excellence des liqueurs et prestige des éditions spéciales, il fut décidé de renouveler l’expérience. C’est à l’occasion du couronnement de la Reine d’Angleterre Elizabeth II, en juin 1953, que les pères chartreux mirent en vieillissement une cuvée ; celle-ci fut commercialisée 10 ans plus tard, marquant ainsi le début de la vente de VEP, liqueur d’exception, y compris parmi la production des chartreux. 

Quelques considérations

Au cours de leur production la datation des VEP a varié, fut un temps où l’année figurant sur la contre étiquette désignait l’année de mise en vieillissement et non celle de mise en bouteille comme c’est de nouveau le cas de nos jours.

Une tentative sera faite en Espagne pour essayer de lancer le produit sur ce marché, où en 1975, une édition de Chartreuse VEP présentée dans une bûche en bois sera proposée. Mais cette cuvée connaîtra un échec.

Il existe des VEP spéciales qui furent produites de façon ponctuelle en l’occasion d’un événement, comme par exemple celle de 1968, qui en l’occasion des JO d’hiver de Grenoble fut qualifiée de cuvée olympique, ou celle de 1976 pour célébrer le bicentenaire des États-Unis.

Du processus de fabrication découle le fait suivant : la réactivité de la production est impactée par la durée nécessaire au vieillissement, en conséquence il existe une latence en cas d’éventuelle hausse des quantités produites, avant que ces dernières ne soient commercialisées.

Enfin les VEP sont un des éléments notables du marché des vieilles Chartreuses, leur excellence en fait des bouteilles recherchées et prestigieuses avec l'âge.

[Article réalisé avec Vincent, je l'en remercie !]

lundi 29 novembre 2010

La Grande Chartreuse

Deux gravures anciennes de la Grande Chartreuse, haut lieu de l'ordre cartusien, illustrant des prospectus commerciaux anciens:


Au fil des supports de communication à travers le XXème siècle, l'image de la Chartreuse a de nombreuse fois été associée à celle du Massif et du monastère du même nom, lui conférant un enracinnement dans l'histoire et le patrimoine local. Les publicités pour la Chartreuse semblent précurseurs de l'usage de paysages dans les publicités pour les boissons alcoolisées. Elle a en outre donné lieux à des flux conséquents de touristes venant visiter les environs tant pour le cadre naturel que pour le monastère et les liqueurs des Pères Chartreux.


Une photographie de la Grande Chartreuse prise au cours du voyage des Fous de Chartreuse en 2005 par un des participants :


Des photos sont disponibles sur le site officiel :
http://www.chartreuse.fr/phpwebgallery/category.php?cat=4

Le site du musée de la Chartreuse :
http://musee-grande-chartreuse.fr/
...avec notamment un focus actuellement sur Les cartes de Chartreuse – Désert et architecture :
À la fin du XVIIe siècle, au temps où il construisait le monastère tel que nous le connaissons aujourd’hui dans sa splendeur intacte, Dom Innocent Le Masson, prieur de la Grande Chartreuse et ministre général de l’Ordre, faisait réaliser des peintures monumentales, dites «cartes de Chartreuse», figurant chacune des maisons cartusiennes.
Classées à l’inventaire des monuments historiques, les soixante-dix-neuf cartes parvenues jusqu’à nous font l’objet d’une restauration ambitieuse qui révèle peu à peu leur haute valeur artistique et historique. En parcourant la galerie qui leur est consacrée au musée de la Grande Chartreuse spécialement réaménagé, le visiteur découvrira un témoignage exceptionnel de la vie et de la foi des moines ermites, ainsi qu’un éclairage spectaculaire sur l’architecture commune à toutes les chartreuses.
Communiqué de presse
Page du site du comité département du Tourisme de l'Isère dédié aux caves de la Chartreuse :
http://www.isere-tourisme.com/articles/liqueur-caves-chartreuse-530-1.html

jeudi 11 novembre 2010

Géographie de la Chartreuse

A l'image de son histoire riche et mouvementée la production des liqueurs des pères chartreux a connu dans sa dimension géographique un certain nombre d'évolutions.


Agrandir le plan

Le monastère de la Grande Chartreuse est inaccessible au public, un musée est implanté non loin, à La Correrie, c'est ce dernier qu'indique la flèche dans la carte ci-dessus.

La Grand Chartreuse, haut lieu de l'ordre cartusien
Le monastère de la Grande Chartreuse tient son nom du massif alpin situé à cheval sur les départements de l'Isère et de la Savoie dans le Dauphiné. Il est construit à près de 1000m d'altitude, au pieds du grand Som, à l'endroit où St Bruno accompagné de six compagnons fonda en 1084 le berceau de l'ordre des Chartreux.

Cet emplacement, qualifié de désert, est enclavé, les villages les plus proches étant situés respectivement à 6,5 et 10 km de là. On y accède depuis Voiron par la route escarpée passant par Saint Laurent du Pont qui doit son nom à l'édifice que les Chartreux firent construire. Il fallut aussi forer la roche pour y pratiquer un accès. "L'entrée de Fourvoirie, rainure imperceptible entre deux rocs monstrueux, au-delà desquels la vie moderne paraît brusquement s'interrompre" (Léon Bloy).

Le massif semble à l'image de la vocation de l'ordre chartreux, solitaire et silencieux. La zone était initialement inhospsitalière car marécageuse et difficile d'accès ; les pères chartreux contribuèrent de façon importante à son développement et leur rôle de bienfaiteurs fut rapidement reconnu à travers la région.

Les batiments actuels datent de 1676, le monastère ayant été detruit à plusieurs reprises par des avalanches, incendies et autres avanies.

Lieux de production des liqueurs au fil du temps
Intialement réalisée à proximité immédiate du monastère et destinée à un marché local, la production des pères chartreux, élixir puis les liqueurs, du fait de leur essor commercial et puisque leur développement menancait de troubler le voeux monastique, fut déplacée en 1862 à Fourvoirie.

Ce complexe productif niché le long de la route en aval du monastère constituait une véritable usine comprenant des installation productives, jardins, salles des stockage et de conservation des plantes et épices, alambics, caves de vieillissements de 180m de long et annexes commerciales. L'implantation d'une gare férovière située non loin permis à la Grande Chartreuse de devenir une attraction touristique à même de drainer un flux important de touristes.

La production s'y déroula jusqu'à l'expulsion de l'ordre chartreux de France en 1903 et la confiscation de leur marque dans un contexte troublé. Les chartreux trouvèrent alors refuge en Espagne, à Tarragone, où la production fut transférée et repris dès 1904. La distillerie implantée dans la ville catalane, à la façade caractéristique, restera en activité jusqu'en 1989.

En 1932 les chartreux reviennent en France et la production repris à Fourvoirie comme au XIXème siècle jusqu'à ce que les batiments ne soient détruits, en novembre 1935, par un important glissement de terrain. En 1940 les pères chartreux regagnent définitivement le monastère de la Grande Chartreuse.

De visite à Voiron
A partir de 1936 la fabrication des liqueurs est transférée à Voiron en contrebas du monastère ; s'y trouvent aussi les caves de vieillisement de la Chartreuse, les plus longues au monde pour des spiritueux. Voiron constitue actuellement l'unique lieu de production et abrite les locaux de Chartreuse Diffusion ainsi qu'un ensemble touristique présentant un certain nombre d'attractions à visiter :
  • la distillerie et la salle des alambics où les plus anciens en cuivre cotoyent les plus modernes. Un système à base de capteurs sophistiqués permet aux moines en charges de la prodcution de suivre celle-ci depuis le monastère par le biais d'un système informatique
  • les caves de vieillissements, de 164 mètres de longs, où sont alignés les futs de chènes centenaires, il y règne l'odeur de plantes caractéristique de ces liqueurs 
  • un parcours muséographique où le visiteur se voit retracé l'histoire de l'ordre et de la production de liqueurs
  • la visite se termine par un passage en salle de dégustation et par la boutique souvenir.
Outre le plaisir de savourer un verre de Chartreuse dans un imposant bar, on peut y admirer deux vitrines impressionnantes, l'une retraçant l'évolution de la liqueur à travers un exemplaire de chaque modèle depuis le flacon initial de la période 1840-1860 et une autre compilant divers spécimens de contrefaçons, aussi nombreux qu'imaginatifs dans le mimétisme commercial .