mercredi 14 septembre 2011

La chartreuse fait sa rentrée !

Santa Tecla 2011
Cette année le coup d’envoi de la Santa Tecla sera donné le 16 septembre, initiant la période de festivités traditionnelles annuelle dans la ville de Tarragone qui auront lieux jusqu’au 25 septembre. Le programme est comme d’habitude chargé avec pas moins de 400 événements et manifestations divers.
Sur l’affiche officielle est représenté la figure mise à l’honneur pour cette édition : El Magí de les Timbales, après Negrito et Negrita l’an passé. Ce Magi aux tambours et monté à cheval fait partie du folklore local. Il annonce les festivités en tête des processions et précède le son des trompettes et le défilé. L’homme aux tambours a pris le nom de celui qui l’incarnait au cours du 19ème siècle, Magi, et reste aujourd’hui une figure populaire de la “mythologie” de la Santa Tecla, où des personnages côtoient un bestiaire (aigle, dragons etc.).

Cette affiche de Nathalie Gieze a été retenue au terme d'un concours servant à déterminer le thème graphique de l’édition, pratique adoptée pour la troisième année consécutive. Par la même occasion elle figurera comme contre-étiquette sur les chartreuses mises en vente lors des festivités ! Il s'agit d'une édition limitée de 5000 bouteilles. Particularité : une mention en rouge "20 anys mes amb Tarragona 1991-2011" ajoutée sur l'étiquette, ce pour l'anniversaire de l'installation d'une filiale de Chartreuse Diffusion en Catalogne. La Jaune titre 43° et un sac-étui accompagnera le tout, sans compter les mamadetas concoctées pour l'occasion !

Edition 2011 !

Programme Santa Tecla 2011

Dégustation aux caves Bossetti
La grande célébration annuelle de la chartreuse aux caves Bossetti à Paris se tiendra cette année le samedi 1er octobre et sera comme d’habitude l’occasion non seulement d’une dégustation mais aussi d’un ensemble de surprises. Bref un grand moment en perspective !
Le site officiel des caves de la rue des Archives précise déjà le programme, des plus prometteurs : multiples liqueurs dont une cuvée spéciale Fous de Chartreuse de 9ème centenaire pour l’occasion, de belles bouteilles et une myriade de surprises culinaires !

Programme de la dégustation

Voir aussi:

mardi 6 septembre 2011

Vieille Chartreuse de Tarragone


Cette vielle bouteille de liqueur des Pères Chartreuse, fabriquée à Tarragone au début du 20ème siècle, était destinée au marché américain.
Elle se caractérise par sa double étiquette et, avec la mention de l’importateur Bätjer, on peut déterminer que cette chartreuse est antérieure à la prohibition aux Etats-Unis (1920). Plus précisément, des publicités dans la presse de l’époque permettraient de la dater de la période 1911-1919.

Ci-dessous une animation pour visualiser la bouteille sous différents angles. Cliquer sur le lien suivant afin de lancer l'affichage et utiliser la souris pour faire défiler :



Un encart publicitaire paru dans le Cosmopolitan Magazine de décembre 1913 présente une bouteille similaire.

lundi 22 août 2011

Menus publicitaires Chartreuse

Supports promotionnels très utilisés au siècle dernier notamment pour les produits alcoolisés, les menus publicitaires à l'effigie de la chartreuse sont fort diversifiés, caractéristiques de cette liqueur et à ce titre particulièrement prisés par les collectionneurs.
Comme pour beaucoup d’objets anciens (affiches, plaques en taule, carnets de bridge par exemple) il est peu aisé d’en savoir davantage. Si on peut les dater du début du XXème siècle voire auparavant, leur nombre et leur variété sont difficiles à cerner.
Une chose est sûre, il en existe un large panel (nous en avons dénombré plus d’une soixantaine), parfois très agréablement illustrés et les thèmes et mentions qui figurent sur ces menus varient beaucoup.
Mentions publicitaires et iconographie commerciale
Supports promotionnels destinés à figurer dans des établissements de restauration et à illustrer les plats au menu, ils comportent un certain nombre d’arguments commerciaux destinés à vanter la chartreuse et ses caractéristiques. Sur tous figure la représentation de la bouteille d’alors, certains sont l'oeuvre d'affichistes ou d'illustrateurs professionnels, s'il ne s'agit pas de reprise d'éléments graphiques de publicités.
Parmi ces mentions on peut noter des remarques d’ordre général (“Couronnez cet excellent repas en dégustant une Grande Chartreuse”(1)), des indications sur les modes de consommations (“Se déguste très fraîche”(2), “Chartreuse jaune ou verte … mais … toujours très fraîche, ou à la glace pilée”) ou encore des suggestions de recettes de dégustation (“2/3 de chartreuse jaune et ⅓ de chartreuse verte” qualifié de “Mélange des Gourmets”(3)).
Ils contribuent ainsi à constituer l’image de marque du produit qu’ils illustrent. Cet usage était fort répandu dans le domaine des liqueurs et boisson apéritives, et l’on peut citer comme exemple la Bénédictine, le Cointreau, ou des produits moins renommés comme l’Angélica ou encore l’Esterel.

Concernant les thèmes représentés sur les menus de la liqueur de la Grande Chartreuse, ils sont très diversifiés et varient selon les illustrateurs et les périodes. Parmi les plus représentés sont les vues du Monastère de la Grande Chartreuse (4) illustrées notamment par Lemmel, Le May, Bruyère St Etienne ou encore Durand Girard, les vues de Tarragone (5) par Delgado ou Tamagno, et les plantes, fleurs et fruits (6) illustrés par Sadag. Sans oublier biensûr les menus traditionnels composés uniquement du symbole des pères Chartreux, à savoir le globe crucifère (7). Bien entendu la palette des thèmes est plus large, on peut citer des thèmes paysagers, des scènes relatives au sport, à l’histoire ou tout simplement une approche plus décorative...


Des documents à l’image du produit et de son histoire
De même que les étiquettes des bouteilles de chartreuse et les publicités la concernant, les menus comportent certaines mentions qui s’accordent avec l’histoire des Pères Chartreux et de leur liqueur. Outre l'obligé “Liqueur fabriquée par les Pères Chartreux” présent de façon systématique, des mentions fort diverses figurent sur les menus, notament des scènes de la vie et de l'histoire des Pères chartreux : la remise de la recette par le maréchal d’Estrée (8) illustrée par Leloir, l’élaboration de l’élixir par le frère Jérôme Maubec (9) ou encore la cueillette des plantes (10) provenant de publicités illustrées par Lemmel. Citons aussi le “Demandez une Tarragone” qui faisait référence à l’expulsion des Chartreux et à la reprise de la production en Espagne au début du XXème siècle (11) illustré par Honnorat. Enfin certains menus évoquent des scènes parfois farfelues, entre la fantaisie et l’anachronisme, comme par exemple le Maréchal d’Estrée faisant goûter l’élixir à Henri IV (12) ou des scènes représentant des hommes illustres (13) llustrées par Leloir.

Retrouvez un ensemble de menus publicitaires sur la chartreuse dans une galerie dédiée. Biensur les contributions pour des images qui manqueraient sont bienvenues !
[Article Vincent, Photos Richard : merci à eux !]

lundi 25 juillet 2011

La chartreuse et Tarragone

Tarragone et la chartreuse, ces deux noms sont désormais associés par leur histoire partagée. Les Pères Chartreux trouvèrent refuge dans la ville catalane et y installèrent leur distillerie en activité une partie du XXème siècle. Retour sur cette période et sur la désormais mythique Chartreuse de Tarragona.

Les circonstances de la production de chartreuse en Espagne
En avril 1903, suite aux lois sur les congrégations religieuses, les Pères Chartreux sont expulsés de leur monastère et contraints à l’exil. “Par la même occasion, l’Etat français mis la main sur leur célèbre marque de liqueur... sur la marque mais pas sur le secret de composition !”
Ils trouvent refuge en Catalogne, dans la ville de Tarragone, et y installent une distillerie. La production reprend en 1904 sous une nouvelle appellation “Liqueur fabriquée à Tarragone par les Pères Chartreux” et avec une nouvelle présentation des bouteilles.
Débute alors un conflit juridique et commercial avec les liquidateurs qui exploitent la marque sur le marché français en ayant conservé la présentation traditionnelle et jouent la confusion aux yeux des consommateurs. “A l’étranger les Pères Chartreux gagnèrent tous leurs procès et conservèrent le droit d’utiliser leur ancienne marque.”
La société qui exploitait la Chartreuse en France cesse son activité en 1929. La production se poursuit en Espagne après le retour des pères en leur monastère de la Grande Chartreuse durant la deuxième guerre, elle prendra fin au terme des années 1980 pour raisons économiques.

Spécificités de la Chartreuse de Tarragone
Distinctes des liqueurs produites en France, les différences résident dans :
  • les plantes et ingrédients entrant dans sa composition, d’origines en partie différentes lorsque produites en Espagne
  • la provenance des eaux-de-vie utilisées dans la fabrication, espagnoles à Tarragone et non plus d’origine française
  • les conditions de vieillissement des liqueurs en Catalogne, dont les fûts sont stockés dans des greniers soumis à des amplitudes de température bien supérieures à celles constatée en France.

Ces éléments influencent la composition même des liqueurs et font que celles de Tarragone diffèrent à plus d’un titre de leurs homologues françaises.
En ce qui concerne la présentation, elle a bien entendu variée au fils des temps mais l’étiquette précise l’origine géographique de la production ce qui permet de les distinguer.

Aujourd’hui, vieilles Tarragona et Santa Tecla
Depuis que la distillerie de Tarragone a cessé son activité en 1989, toute la production est effectuée à Voiron et les vieilles bouteilles espagnoles sont de plus en plus convoitées. Non seulement elles sont rares mais elles commencent à avoir un certain âge ! Prestigieuses, elles figurent parmi les chartreuse les plus recherchées.
Et c’est pour célébrer cet héritage et le lien avec la ville catalane que chaque année les Pères Chartreux produisent une série limitée de leur liqueur à l’occasion des festivités de la Santa Tecla en septembre.

mardi 12 juillet 2011

Deux jours avec les Fous de Chartreuse

Les 26 et 27 juin derniers s’est tenu un voyage des Fous de Chartreuse à Voiron, le second après un précédent périple en 2005 et il n’est pas inopportun de parler de pèlerinage en Chartreuse tant ces deux jours recouvrirent une dimension toute particulière et resteront gravés dans la mémoire de ceux qui y prirent part !
Le riche programme de ces journées, les moments forts et partagés, les nombreux échanges et discussions entre passionnés sous un beau soleil estival et surtout sous les auspices de la liqueur des pères chartreux contribuèrent à faire des ces deux jours une série de souvenirs précieux...

La Chartreuse avait préparé un très beau programme pour ces 2 journées : visites de la distillerie, des caves, de l’exposition à Voiron, du musée de la Correrrie, repas et dégustations, promenade à la Grande Chartreuse, moments d’échanges... Le tout était parfaitement organisé par des hôtes fort attentifs et la bonne humeur était palpable parmi les chanceux participants.

Retrouvez un très beau compte-rendus illustrés de belles photos sur le blog Le chant des cigales : Le monde change, la chartreuse demeure.

Merci à tous ceux qui ont contribué à rendre ce week-end possible, aux personnes de Chartreuse Diffusion pour leur accueil chaleureux et leur exceptionnelle disponibilité et particulièrement à Mr Munoz pour ses commentaires passionnants ! Merci aussi à Philippe des caves Bossetti pour son entrain, ses chaussettes bicolores et sa magnifique Tarragone Verte ! Et merci à tous les participants pour leur bonne humeur !

lundi 20 juin 2011

Eau-de-vie Chartreuse

Eh oui, certains d'entre vous ne le savent peut-être pas mais une eau-de-vie de Chartreuse conditionnée en bouteille a vue le jour en 1941 du temps où, avant Chartreuse Diffusion, la Compagnie Française de la Grande Chartreuse exploitait ces liqueurs.

Fabriquée à Aigues-vives (Gard) par Vignal et utilisée pour servir de base aux liqueurs, cette eau-de-vie n'a apparemment pas été commercialisée à grande échelle à l'époque (cf. dépliant : «La vente (dans toutes les bonnes maisons d'alimentation) est momentanément limitée.»), les Chartreux craignant d'être assimilés à des négociants d'alcool. Elle n'a finalement été mise sur le marché que vers 1990 (Cf. Chartreuse Histoire d'une liqueur – Guide de l'amateur de Michel Steinmetz chez Glénat).
Voilà ce que l'on sait sur cette fameuse eau-de-vie Chartreuse, qui reste pleine de mystère et pose pas mal de questions :
  • Pour commencer, elle a été vieillie en fût, mais combien de temps et dans quelles conditions avant d'être mise en bouteille en 1941 ?
  • Ensuite on peut se demander combien de litres ont été mis en bouteilles, et donc combien de bouteilles ont été mise sur le marché à partir des années 1990 ?
  • Et son goût...et bien cela ressemble à un vieux cognac ou un vieux marc, mais nous vous en dirons plus après une dégustation digne de ce nom !
Autres informations à signaler : en 1944 le Brandy CAR est créé par les chartreux à Tarragone qui est un équivalent de l'eau-de-vie. Signalons également la commercialisation d'une eau-de-vie de poire Williams (fruit entier) toujours en vente actuellement.
Pour finir, près de 60 ans après leur conditionnement, les dernières bouteilles présentent un bouchon détérioré et une évaporation du précieux breuvage, d'où la décision de Chartreuse Diffusion de reconditionner la fin de leur stock et de le remettre en vente avec un certificat d'authenticité.
[Article de Rodolphe, merci à lui !]

jeudi 9 juin 2011

Les liqueurs d’origine monastique

Les liqueurs monastiques constituent un segment du marché des spiritueux en partie au moins assimilé à celui des liqueurs à base d’herbes et d’épices. La chartreuse aujourd’hui encore produite sous la supervision de moines en fait figure d’exemple-type tant par l’héritage lié à son histoire que par sa composition à base de plantes et son goût caractéristique.


Des origines...
Ces liqueurs sont très anciennes et avant d’être un produit d’agrément il s’agissait de concoctions de plantes fabriquées par des moines et destinées à soigner. Au Moyen Age ce sont les ordres religieux qui détiennent le savoir nécessaire, herboristerie et connaissance des procédés de production. Initialement d’une commercialisation locale et limitée, leur nombre est élevé et les variantes de compositions sont très nombreuses et diverses.
Le XIXème siècle voit triompher la chartreuse en terme de ventes et de renommée et selon Michel Steinmetz, auteur de l’ouvrage de référence à son sujet : “celle qui fut nommée "Reine des liqueurs" et qui régna sans partage sur le monde des digestifs entre 1840 et 1973 fut la Jaune... à 43°.” Ce type de produit est alors en phase avec les habitudes de consommation du public et le marché se développe fortement, le progrès technique et la révolution industrielle permettant une production bien plus importante qui sera aussi le fait d’industriels.

… au terme du XIXème siècle
Il n’est pas rare que ces derniers s’inspirent des compositions et présentations des produits monastiques et traditionnels afin de profiter de leur image de marque et de leur succès sur ce lucratif marché. Il est donc important de distinguer les liqueurs effectivement produites par les moines. En ce qui concerne la chartreuse cela donne lieu à de nombreuses contrefaçons et imitations et ainsi à une abondante chronique judiciaire aux prémices des réglementations en terme de propriété industrielle.
La prospérité du créneau des liqueurs à base de plantes va être mise à mal dans la première moitié du XXème du siècle du fait de l’évolution des goûts des consommateur et du développement d’autres créneaux dont celui des boissons à base de fruits que le progrès technique en matière de conservateurs rend possible.

Liqueurs d’origine monastique - exemples et éléments caractéristiques
La chartreuse en est l’illustration par excellence, aujourd’hui encore la fabrication est supervisée par des moines chartreux ce qui constitue un argument commercial (cf nombreuses publicités ou les contre-étiquettes ATC). De nos jours son positionnement entre tradition et modernité est intéressant et les campagnes marketing transcrivent bien cet état.
On peut aussi citer la Bénédictine de Fécamp et la Lérina de l’abbaye de Lérins ainsi que, parmi des liqueurs à base d’herbes et d’épices, l’Izarra de la côte basque ou la Kerman. A noter que pour la plupart ces produits se déclinent en variantes jaunes et vertes à l’image de la chartreuse.

Les liqueurs monastiques sur :
  - The cocktail database
  - Les alcools des vieux bistrots

Outre l’origine de leur production qui est le fait d’ordres religieux, un certain nombre d’éléments les caractérise :
- Une recette ancestrale, qui s’inscrit dans une dimension historique et renvoie à la tradition, et en outre souvent tenue secrète jusque dans la nature de ses ingrédients
- Une composition à base de plantes, aromatiques, médicinales et d’épices
- Un produit attaché à une origine religieuse et/ou géographique
- Une présentation caractéristique des étiquettes et bouteilles avec des similarités dans l’aspect traditionnel de l’image de marque et l’usage de symboles et d’une identité visuelle différenciante des autres liqueurs