lundi 18 mars 2013

Les commémorations de 2005

L'année 2005 est la date anniversaire des 400 ans de la remise du fameux Manuscrit remis aux Chartreux par le Maréchal d’Estrée d’où provient la recette secrète de leurs breuvages. Date symbolique donc et l’occasion à commémorations diverses en ce début des années 2000.

Exposition “Chartreuse 1605-2005 - La liqueur, 400 ans dans l’histoire”
Une exposition qui retrace l’histoire de la Chartreuse au fils des ses grandes lignes, d’anecdotes et d’épisodes marquants. Elle fut tout d’abord présentée d’abord en 2004 à Paris à l’Orangerie du Sénat, en partenariat avec ce dernier. Mémoire du Luxembourg : du jardin des Chartreux au jardin du Sénat, c’est en effet à la Chartreuse de Vauvert, située à cet emplacement qu'eut lieu la remise de la recette !
L’exposition fut ensuite déplacée à Voiron, dans un chapiteau pour l’année anniversaire de 2005 avant de devenir permanente sur le site, au premier étage des locaux de Chartreuse Diffusion : l'Odyssée de la Chartreuse. Il fut un temps envisagé d’inclure aux vitrines des bouteilles des cuvées spéciales commémoratives, notamment de V.E.P., mais pour des questions de conservation et de sécurité, on préféra se satisfaire de photographies !

Les cuvées spéciales commémoratives
Tout commence en 2004 avec des éditions spéciales de l’elixir végétal, renouvellée en 2005. Puis l'an suivant une cuvée de 1605 Verte fait son apparition sur le marché. Dite “liqueur d’élixir”, elle en évoque en effet le goût et est plus fort qu’une verte, titrant à 56°. Elle rejoint alors la gamme des liqueurs des Pères Chartreux où elle figure toujours.
En Espagne, les goûts et les habitudes de consommation étant ce qu’ils sont, on préfère la liqueur jaune, plus douce et moins végétale, et une verte si puissante risquait de ne pas être au goût de tous. Aussi il fut ainsi décidé de produire une liqueur jaune pour l’occasion, une “cuvée réservée à Tarragone”, titrant 43°. Cette 1605 Jaune fut commercialisée lors de l’édition 2005 des festivités de la Santa Tecla et en échos aux célébrations du 4ème centenaire.

1605 ou 1607 ?
Si la première de ses deux dates a été retenue pour la commémoration, il faut constater que ce ne fut pas toujours le cas. En effet sur divers supports commerciaux assez anciens, comme ce feuillet de la fin des années 1930, on trouve également une référence à la date de 1607... Qu’en est-il réellement ? Mystère !


Toujours est-il que depuis un certain temps on a retenu la date de 2005 et que les récentes festivités risquent d’avoir entériné ce choix de façon définitive...

mercredi 27 février 2013

Chartreuse in the USA, suite

La chartreuse et le marché US : une histoire partagée, suite !

V.E.P. bicentennial 1776-1976
A grandes occasions des cuvées spéciales d’exception ! Encore un exemple avec cette chartreuse V.E.P. commémorative qui n’est pas destinée à une tête couronnée mais en l'honneur du bicentenaire de l'indépendance des États-Unis. “Special limited edition to honour the 200th Anniversary of the American Independance” A very sought-after edition !

The Swampwater
Déjà mentionnée dans le cabinet de curiosité du blog, il s’agit d’une campagne publicitaire des années 1970’s autour d’un cocktail du même nom : chartreuse verte, jus d’ananas et citron vert. Le swampwater est illustré d’une figure de crocodile, servi dans un récipient particulier et fit l’objet d’une large diffusion. On dénombre de multiples publicités et produits dérivés. La campagne se traduisit par une forte hausse des ventes qui ne fut toutefois guère pérenne, le produit devant subir une certaine désaffection dans les années 1980.

Mister Tarantino & Co 
Véritable aubaine marketing, la séquence du film Le boulevard de la mort. Voir ! Une scène, une tirade “The only liquor so good they named a color after it” et des verres à shooter vidés d’un trait ! Pour l’anecdote il s’agissait bel et bien de chartreuse verte et certains figurants la sentirent passer ! Peu après rebelote avec les ZZ Top qui consacrent un titre à la liqueur dont ils sont tombés sous le charme. “Chartreuse, you got the color that turns me loose”. Anyway, sacrés coups de pouce en terme de visibilité grand public !

Cocktails and the bartending culture
Pourquoi un tel succès de la Chartreuse aux Etats-Unis ? Cela est en fait plutôt logique, les ingrédients de l’équation sont réunis : qualité du produit, riche histoire, présentation caractéristique... auxquels s’ajoutent aux USA la touche exotique (frenchy, monacal et ancestral !). Et enfin un contexte propice, une culture cocktail qui se démocratise via le web. Et ceci n’est pas fini !

Pour conclure, ne résistons pas au plaisir de citer à nouveau le mot d’esprit de frère Jean-Jacques qui eut cette réponse percutante lorsque quelque interlocuteur nord-américain lui demanda quels ingrédients entraient dans la recette secrète : «hamburger et fromage de chèvre» !

Voir aussi

lundi 11 février 2013

Chartreuse in the USA

En ce qui concerne la Chartreuse, les Etats-Unis ne sont pas un marché comme les autres !

The United States of America
Le pays compte parmi les premiers marchés au monde pour la chartreuse à l’export et la croissance des ventes y est depuis quelques années très marquée !
Seulement celle-ci est présente de longue date aux US : au XIXème siècle la liqueur y disposait déjà d’un importateur et déjà à l’époque on en faisait un ingrédient de cocktail ! J.P. Morgan en était un illustre amateur... La presse anglo-saxonne compte dès le début du XXème siècle de nombreuses publicités pour la liqueur des Chartreux. Fait notable le pays a connu la prohibition de 1920 à 1933, période durant laquelle la production, vente et consommation d’alcool étaient interdites !

Sole agents in the U.S.
Un certain nombre d’importateurs se sont succédés, on retrouve leurs noms sur de vieilles bouteilles : Jos F. Boll, Bätjer, Schenley Import Corporation, Schieffelin & Co, James C. Sussex, 21 Brands Inc... et désormais Friederick Wildman ! Cette liste n'est peut-être pas exhaustive, infos complémentaires bienvenues ! Ces sociétés étaient implantées à New-York, à l’exception de Sussex.
Voici ainsi retracée une partie de l'histoire de la liqueur des Chartreux outre-Atlantique :
Jos F. Boll au 19ème siècle
Bätjer (pré-prohibition) puis, à partir des années 1930, Schenley
 
Schieffelin, sur plusieurs décennies, puis Sussex
Cette multiplicité ce traduit par de nombreuses variantes de contre-étiquettes, de multiples mentions parfois rocambolesques (Artificial Color Added, imbroglio autour de Tarragone...), sans compter les stamp-tax de différents états ! Avis aux collectionneurs.

Enfin l’élixir végétal n'est pas distribué aux US car jamais sa recette ne fut transmise à l’administration concernée, vraisemblablement la FDA. Autant dire que ce n’est pas un oubli. So secret !

A suivre...
Voir aussi

mardi 29 janvier 2013

La Chartreuse et les Jeux Olympiques

Outre son origine alpine, on l’a vu dans le précédent article, la liqueur des Chartreux entretient des liens tous particuliers avec les sports d’hiver et donc en toute logique avec les Jeux olympiques d’Hiver ! Ici se croisent marketing, événementiel sportif et liqueur puisqu’il la tenue de J.O. dans les Alpes constitue une occasion rêvée pour des cuvées spéciales d’exception.

Cuvée Olympique Grenoble 1968
Il s’agit d’une cuvée de Chartreuse V.E.P., Jaune et Verte. Sur la contre-étiquette on peut lire :

"Cette liqueur qui a bénéficié d’un vieillissement exceptionnellement prolongé dans les foudres centenaires de nos caves de vieillissement, a été mise en bouteille pour les Xèmes Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble 1968.
Cette cuvée, spécialement préparée par les Pères Chartreux, comprend 4870 bouteilles numérotées et cachetées."
Ce fut également l’occasion de publier un livret rouge en partenariat entre le comité d’organisation des Jeux et la Compagnie Française de la Grande Chartreuse dédié à la présentation de le gastronomie française... et de la liqueur made in Voiron !


Chartreuse Albertville 1992
Voici une bouteille de 50cl, modèle V.E.P., titrant à 50°. Il n’y a pas de contre-étiquette sur cette cuvée mais une étiquette attachée au goulot par un élastique et qui remémore les J.O. de Barcelone et d'Alberville et le 500ème anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb... Il y est également précisé qu'il s'agit d'un assemblage de différentes chartreuses à vieillissement exceptionnellement prolongé.


Voir aussi :

lundi 14 janvier 2013

La Chartreuse et les sports d'hiver

En cette période hivernale un petit focus sur la place de la chartreuse dans les stations de ski !

Dans la publicité
Outre la proximité géographie (les Alpes, pays de la Chartreuse), la liqueur produite à Voiron se caractérise par un usage particulier des sports d’hiver en terme de marketing. Elle se voit associée dans certaines campagnes de publicité à ces sports de glisse et aux moments de convivialité et de loisirs qu’ils véhiculent. On retrouve donc ces éléments sur un divers supports publicitaires : menus, vide-poche, recettes...

Une présence dans les stations
En effet cette association dans le champs de la publicité prolonge la place de la Chartreuse dans l’offre touristique alpine. Présence événementielle (comme ici  à l’Alpe d’Huez par exemple) mais aussi à la carte dans les débits de boissons en altitude, sans parler des boutiques de souvenirs et de produits régionaux à destination des touristes...

Lors des Jeux Olympiques
Et comment ne pas s’afficher lors des J.O. d’hiver, événements sportifs à dimension mondiale ?! On y retrouve la Chartreuse mélangée à du champagne lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Grenoble de 1968 et en cuvées spéciales de V.E.P. la même année et en 1992 pour ceux d’Albertville !

Une recette emblématique : le Green Chaud
Le green chaud, recette qui consiste à associer chocolat chaud, “bien cremeux”, et Chartreuse Verte l’illustre bien ! Boisson chaude à laquelle la liqueur apporte sa touche végétale caractéristique, voici qui en fait une consommation des plus appréciées en haut des pistes en attendant la version sans lait que les vacanciers pourront consommer le soir venu dans les bars des stations...

dimanche 30 décembre 2012

Dégustation de chartreuse à Genève

Il y a peu un certain nombre de passionnés se sont réunis autour de la liqueur des Pères Chartreux à Genève pour une dégustation. De haute volée, il n’y a qu’à consulter le programme pour le constater, celle-ci se tenait chez un caviste et associait des amateurs et des professionnels. On pouvait également y admirer de nombreuses pièces de collection.
Retour sur cette journée de novembre dernier, en prolongement du précédent article, avec Gabriel qui nous en présente la démarche !

Concernant cette dégustation, comment l'idée est-elle venue et qu'est-ce qui a permis sa réalisation ? Il est en effet peu commun de voir une telle richesse de vieux flacons lors d'une dégustation ! Pouvez-vous nous raconter cela ?
Je suis un dégustateur passionné ! Ce qui m’a motivé à organiser cette dégustation c’est avant tout ma passion pour cette liqueur et son histoire. Je voulais la partager et faire découvrir la Chartreuse à des personnes averties dans le domaine des vins et des liqueurs. J'aurais souhaité avoir pu participer à une dégustation et avoir connu la Chartreuse bien plus tôt.
Ce qui a rendu cela possible pour moi, c’est déjà le fait d’en posséder suffisamment pour permettre d’en faire découvrir la richesse et le grand éventail de saveurs, les particularités de chaque époque. Finalement, c’est aussi grâce au partenariat avec le Passeur de vin à Genève qui a organisé la dégustation et sélectionné des personnes et experts pouvant apprécier la liqueur à sa juste valeur.

Pouvez-vous nous décrire le déroulement de la dégustation et l'état d'esprit des participants devant tant de belles pièces, sans parler de leurs impressions de dégustation !?
J’ai commandé la dégustation par un bref historique de la Chartreuse. Puis nous sommes passés à la dégustation, verticale de jaune puis verte :
   - Tarragone Jaune 1973-1985
   - Tarragone Jaune 1965-1973
   - Tarragone Jaune 1956-1962
   - Tarragone Jaune 1951-1956
   - Tarragone Jaune 1945-1951
   - Tarragone Verte 1973-1985
   - Tarragone Verte 1965-1973
   - Voironne Verte 1951
   - V.E.P. Verte 1973

Tous sans exception ont été impressionnés et surpris ! La dégustation s’est déroulée dans le plus grand respect de la liqueur. Les invités ont photographié, questionné, apprécié.
Ce qui a le plus étonné, c’est la variété des saveurs entre les Chartreuses de provenances et d’années différentes. Les invités ne s’attendaient pas à ce goût si unique. Et quand, petit à petit, ils commencèrent à associer des événements historiques aux bouteilles qu’ils dégustaient, on pu voir la passion naître en eux.
Ils souhaitaient tous acheter le livre de Steinmetz pour en savoir plus sur la liqueur et son histoire. Les sommeliers voudraient en mettre à leur carte et les privés en acquérir.

En est-il qui sortaient du lot ? Ont-elles fait l'unanimité parmi les invités ? Avez-vous pris des notes de cette dégustation ?
Celles qui semblent être sorties du lot sont la VEP verte 72 ,  la Voironne 1951 et  la Tarragone jaune 44.
Ce sont surtout les invités qui prirent des notes. Je n’ai moi-même pas eu le temps car j’ai été sollicité pour répondre à de nombreuses questions.
[Un grand merci à Gabriel !]
Voir aussi :

samedi 22 décembre 2012

Chartreuse Collection

Ici passion rime avec collection ! Laissons Gabriel de Genève nous présenter la sienne !

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la chartreuse ?
Ma première rencontre avec cette liqueur a été dans un restaurant à Genève avec mon meilleur ami.
Ce soir là, il m'a demandé si j’appréciais les liqueurs à base de plantes. Ma première réaction fut de lui répondre que je les avais en horreur... Me connaissant bien, il s'est tout de même permis d'insister et en fin de repas, il nous à commandé une Tarragone verte des années 60. A mon grand étonnement, j’ai adhéré à la finesse de cette liqueur dès la première gorgée. Le petit historique de la chartreuse par le patron du restaurant,  un collectionneur averti, ainsi qu’une 41-51 offerte pour l'occasion, m’ont définitivement convaincu !
Encore sous le charme de la découverte, je leur ai demandé ou je pouvais m’en procurer. Ce à quoi ils m’ont répondu que la distillerie (Tarragone) était fermée et qu’il était devenu très compliqué, voire impossible d’obtenir d’anciennes bouteilles ! Je ne pouvais évidemment pas en rester à cette réponse après avoir été initié à cette noble liqueur …
 

Depuis quand collectionnez-vous ces bouteilles ? Comment est-ce que cela a commencé ?
Quand je suis rentré à la maison après ce diner, j’ai tout de suite fait part de ma nouvelle passion à ma femme. C’était à quelques semaines de Noël…et qu’ai-je trouvé au pied du sapin ? Ma 1ère Tarragone verte 73-85 ! Ma femme, voulant me faire plaisir et ne connaissant pas du tout ce monde, a réussi non sans peine, m’en obtenir rapidement une.
Entre temps, afin de connaître la Chartreuse et ses différents flacons dans leurs moindres détails, j’ai fait l’acquisition du livre de M. Steinmetz. Depuis lors je n'ai cessé d’en rechercher à travers les ventes aux enchères, collections privées, sites de petites annonces et échanges avec les autres aficionados. J'ai aujourd'hui environ 130 flacons, principalement des grandes bouteilles des années 1890 à nos jours.

Quelles sont vos plus belles pièces ?
Pour les françaises :
 - Deux 19e siècle en 1L verte et jaune
 - Les marseillaises jaune 1L et ½ L
 - Les Fourvoirie 1L verte et jaune des années 32-35
 - Les VEP 72 1L verte et jaune
Pour les espagnoles :
 - Une Tarragone verte de 1907 export USA
 - Une Tarragone jaune des année 20 (bouteille de transition juste avant les marseillaises)
 - Une demi jaune export anglaise 1912-1913


Celles qui vous tiennent le plus à cœur ? Avez-vous des anecdotes relatives à certains objets, leur histoire, la façon dont vous vous les êtes procurés ?
Ce qui me passionne c’est l’histoire derrière chacune de ces bouteilles :
  • Une Tarragone jaune des années 40 retrouvée derrière un mur. Quand ils ont abattu le mur lors de travaux de rénovations, ils découvert un véritable trésor…malheureusement 4 caisses ont été détruites et seulement 2 ont survécu et j’ai pu acquérir une bouteille. Une miraculée ! Elle est intacte, prête à remettre sur une étagère d'un apothicaire.
  • Un Voironne 41-51 étiquette verte, le vert de la bouteille a un ton particulier. Il s’agit d’une bouteille que j’ai achetée à une personne vivant dans la région de la Chartreuse depuis plusieurs générations. La bouteille appartenait à son grand-père.
  • Une Tarragone jaune des années 20 portant une étiquette avec la mention spéciale "En raison des difficultés d'importation, la fabrication de cette liqueur est commencée à Tarragone et est provisoirement terminée en France"
Etes-vous toujours en recherche active de nouvelles pièces ? Y en a t il qui vous manquent cruellement ? Lesquelles ?
Plus que jamais !  Même si, depuis que j’ai obtenu mon premier flacon, il est de plus en plus difficile d’en trouver et que leurs prix atteignent des sommets.
S'il m'en manque ? Hélas oui, et pas des moindres !
 - Une Chartreuse blanche
 - Une 1ère édition 1840
 - Une marseillaise verte 1L
 - Une Tarragone 1910  verte 1L
Le reste ça se trouve !
[Un grand merci à Gabriel]
Après la collection, la dégustation ! A suivre donc...

Voir aussi :